Il mesure une douzaine de centimètres, il a l'air si fragile avec ses grands yeux : ce lézard vivipare, petit saurien des zones humides, on peut le rencontrer dans nos parcs naturels régionaux, Périgord Limousin ou de Millevaches. Le Grand-duc d'Europe est le plus grand rapace nocturne du monde. Ses yeux orangés sont fascinants et ses aigrettes donnent l'impression que sa tête est couronnée de deux grandes oreilles. Du côté d'Eymoutiers, certains disent qu'il y niche. On pourrait en évoquer d'autres, des insectes, des plantes, des champignons, des mammifères comme ce sympathique rat-trompette qu'on appelle le Desman des Pyrénées, évidemment endémique de la chaîne pyrénéenne... Tous font partie des 989 espèces menacées en Nouvelle-Aquitaine, certaines, comme le lézard vivipare ou le Grand-duc, en danger critique. En France, sur les 2 562 espèces menacées, selon l'INPN (Inventaire national du patrimoine naturel), 578 sont en danger critique et 779 en danger. En clair et pour résumer : nous sommes en train de détruire notre biodiversité. La biodiversité, c'est le sujet de la COP 15 qui vient de s'ouvrir à Montréal, au Canada. C'est en général le parent pauvre du réchauffement climatique alors que l'enjeu est de la même importance. Là aussi, malgré les chiffres et les faits scientifiques, beaucoup voudraient détourner la tête, se persuader qu'on n'y est pour rien. Pourtant, Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, est clair : L'Humanité est devenue « une arme d'extinction massive » et il faut cesser « notre guerre à la nature ». Ok, mais c'est une COP, une grand-messe qui débouche trop souvent sur de beaux discours dont on attend encore et toujours une traduction en actes. Le Grand-duc fermera définitivement ses grands yeux bien avant.
Publié le 09/12/2022
Mis à jour le 09/12/2022
Arme de destruction massive
Lionel Robin