Devenir entrepreneur peut être un vrai parcours du combattant. C'est souvent l'apport financier qui peut malheureusement faire avorter de beaux projets. En complément des circuits traditionnels, la ferme de Fardissou et la Scop Laine et Compagnie en Haute-Vienne se sont tournés vers un investisseur social et solidaire, les Cigales. Littéralement, ce sont des clubs d'investisseurs pour une gestion alternative et locale de l'épargne solidaire. Concrètement, ce sont des groupes de 5 à 20 personnes qui épargnent régulièrement pour investir collectivement et solidairement dans des projets de territoire. Ces projets, au-delà du nécessaire aspect financier, répondent à des objectifs sociaux culturels, écologiques... En d'autres termes, « être cigalier, c'est un peu être militant », explique Emmanuel Amblard, co-gérant du club Cigales Agapanthe, basé à Limoges.
Un accompagnement humain
Patricia Mingotaud, co-gérante de la ferme de Fardissou à Saint-Genest-sur-Roselle, a été séduite par ce fonctionnement. « Certes c'est un coup de pouce financier, mais ce qui nous a séduit avec mon mari c'est l'accompagnement humain avec des appels réguliers, une souplesse dans le remboursement des échéances. C'est vraiment agréable et rassurant surtout lorsque l'on est dans une démarche de création d'entreprise », raconte l'entrepreneure. Les Clubs Agapanthe de Limoges et 2Clics d'Aixe-sur-Vienne ont soutenu la ferme (à hauteur de 3 000 € sur 5 ans) pour le financement de terrasses et d'un kiosque destinés à l'accueil du public.
Lorsque Jean-Philippe Rouanne, gérant de Laine et Compagnie, a eu besoin de financer un projet, il a tout naturellement pensé aux Cigales. Il ainsi pu équiper sa fabrique artisanale d'articles de literie de tables élévatrices afin de limiter la pénibilité du travail de ses associés. La dimension humaine du projet a tout de suite convaincu les investisseurs.
Actuellement au nombre de quatre en Haute-Vienne, les clubs Cigales existants souhaiteraient voir de nouveaux clubs se créer car « plus on est de cigaliers, plus on épargne », affirme Emmanuel Amblard. « C'est un engagement gratifiant », lance un des membres du club. « Lorsque j'épargne à la banque, je ne sais pas ce qu'elle en fait, renchérit un autre. Là je sais que c'est au service du local et de la société. » Les cigaliers investissent entre 10 et 50 euros par mois, la moyenne nationale étant de 25 euros. Le fruit de leur épargne collective est attribué collectivement et démocratiquement à des porteurs de projets pour une durée de 5 ans, sans intérêt et sans apport personnel requis. À terme, le porteur de projet rembourse son emprunt et les cigaliers retrouvent leur épargne pour de nouveaux projets. Ils sont malgré tout conscients du risque de l'activité entrepreneuriale.