Le Limousin et l'Auvergne sont des territoires propices à la culture de la pomme de terre. Afin de s'imposer au sein de cette filière, des producteurs ont participé il y a une quarantaine d'années à la mise en place d'une station de création variétale et de production de plants pour les multiplicateurs. La Sica Grocep (Groupement du centre des producteurs de plants de pomme de terre), implantée à La Vergne à Laurière, poursuit depuis son chemin... Au début des années 90, la Sica et trois producteurs multiplicateurs de plants de pommes de terre du secteur ont créé la Cuma Puys et Grand-Mont qui dispose à La Vergne de bâtiments de stockage, de frigos et de matériel de conditionnement pour les plants de pommes de terre de ses adhérents.
"Aujourd'hui, nous sommes 4 producteurs de plants. 16 variétés sont multipliées sur 54 ha, la Cuma Puys et Grand-Mont commercialise 1 300 tonnes de plants pour un chiffre d'affaires de 110 000 €", explique Jérôme Duprat, son président. La production est pilotée par deux sociétés : Atout plants (qui livre les jardineries et les maraîchers) et Sementis (l'interface pour les grandes cultures).
Et la Sica Grocep ?
"Au Grocep, nous avons deux activités, indique Caroline Viguié, directrice de la station. Nous développons un schéma de production de plants pour les producteurs multiplicateurs et un autre de création variétale." La production de plants a pour objectif de fournir aux multiplicateurs des plants indemnes de maladie. Les plants sont obtenus par bouturage de variétés conservées sous forme de plantules dans des pots (sur un substrat de vitamines et de sucres) au laboratoire. "On travaille selon les demandes. Les boutures sont ensuite repiquées dans un tunnel où elles sont protégées des insectes", ajoute Caroline Viguié. Elles donneront des tubercules diffusés à terme chez les producteurs.
À cette activité dédiée à la production se greffe la création variétale. Le Grocep a déjà à son actif de nombreuses variétés dont Anaïs, Laurette ou bien Cheyenne. "On fait des croisements à partir des fleurs de deux variétés différentes. On récupère les graines, environ 40 000. Toutes ont les mêmes parents mais pas le même potentiel génétique. On les sème puis on les repique. Puis on sélectionne selon des critères qui se précisent au fil du temps. La première année, celles qui n'ont pas de tubercule du tout sont éliminées, l'année suivante on regarde la forme, la couleur, la régularité. Puis on s'attache au rendement, à la matière sèche, au comportement selon les modes de cuisson ou bien selon le lieu d'implantation... ", explique Caroline Viguié. Il faut en général 10 ans pour créer une nouvelle variété. "Notre cheval de bataille est d'améliorer la résistance au mildiou, aux nématodes et aux virus, d'avoir un génotype qui limite l'utilisation des phytosanitaires." Cette année, une variété est en cours d'inscription. Son nom va être choisi très bientôt. À suivre !