Agriculture

L'alimentation animale sous tension

Nouvelle Aquitaine / Haute-Vienne
Océalia a pour objectif de multiplier par 5 la production de soja sur le nord ouest de Nouvelle-Aquitaine afin de renforcer son autonomie protéique.
Laurent Stefanini, directeur d'Alicoop et directeur du Pôle élevage d'Océalia, revient sur les principaux secteurs impactés par la crise en Ukraine et sur les orientations de la coopérative.

Il n'y a pas de surprise : à ce jour, "on prend de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine car la Russie et l'Ukraine sont deux acteurs incontournables dans le secteur de la nutrition animale (voir ci-dessous)", indique en introduction Laurent Stefanini, directeur d'Alicoop et directeur du Pôle élevage d'Océalia. ll enchaîne : "En termes de disponibilités, on raisonne sur les risques de rupture d'approvisionnement. Pour ce qu'on appelle "le complexe protéique", on va vers des difficultés d'approvisionnement majeures sur le tourteau de tournesol, qui a une teneur élevée en protéines, les drèches de maïs, dont beaucoup de coproduits viennent de l'Union européenne et, indirectement, le tourteau de soja non OGM dont la Russie tempérait des baisses de disponibilités en provenance de l'Amérique du Sud et de l'Inde. Le tourteau de soja standard ne présente quant à lui pas de risque de rupture. Pour le "complexe énergétique", c'est-à-dire le blé et le maïs, on observe des tensions sur les prix d'approvisionnement mais aucune difficulté sur les disponibilités pour le moment même si, à moyen terme, ça pourrait se tendre sur le maïs." Par ailleurs "on assiste au retrait des vendeurs sur les coproduits de céréales issus de l'éthanolerie et de la meunerie. Les drèches de blé sont également plus difficiles à avoir en ce moment ", des sites de transformation étant à l'arrêt, officiellement pour cause de maintenance, complète Laurent Stefanini.

Du côté des additifs, des problèmes de disponibilités sont observés en urée alimentaire (l'urée brute vient de Russie et est transformée en Europe de l'Est) ; des tensions en phosphate, magnésie et bicarbonate de soude voient le jour... Les vitamines et oligoéléments font l'objet de surveillance et pour le moment aucun risque critique n'est évalué.

Solutions alternatives

"En nutrition animale, on travaille avec près de 30 matières premières. Donc on peut trouver des solutions de substitution, note Laurent Stefanini. Quand on est sur un tourteau, on part sur un colza, par exemple. Cependant, nous sommes plus inquiets pour les solutions non OGM car on est sur un risque de rupture critique. Aussi, avec Coop de France, nous avons alerté les organismes qui assurent le suivi des cahiers des charges, dont l'INAO."

Enfin, le risque "prix" existe lui aussi bel et bien. "L'indice de prix entrée hiver était assez élevé mais là, on a dépassé les plafonds", ajoute le directeur d'Alicoop. C'est très dangereux car cette situation aura inévitablement un impact lourd sur les coûts de production.

Améliorer l'autosuffisance

Aujourd'hui, "le conjoncturel rejoint le structurel. Nous avons toujours été en déficit protéique, il est en ce moment de 46 %. Aussi, nous devons absolument développer une politique de souveraineté alimentaire. C'est dans ce but qu'Océalia a déposé un appel à mobilisation d'intérêt, dans le cadre de France Relance, afin de multiplier par cinq la surface en soja sur le nord de la région Nouvelle-Aquitaine. On ne connaît pas la durée de la crise d'approvisionnement liée à ce contexte géopolitique. Notre projet prend donc tout son sens", observe Laurent Stefanini.

"À chaque fois, il y a toujours un contexte géopolitique. Même si ce n'est jamais simple, la situation n'a jamais été aussi pesante. Nous devons faire notre travail au quotidien, anticiper le mieux possible. Mais j'espère qu'on reviendra au plus vite sur des disponibilités et des prix responsables", conclut-il.

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