Agriculture

Miser sur le parrainage et le fermage

Nouvelle Aquitaine / Haute-Vienne
Pascal Laurent et Vincent Villelégier, avce une troupe de grivettes habilement menée par 3 chiens de troupeaux.
Pascal Laurent souhaitait transmettre son exploitation. Il a trouvé une solution grâce à la mise en place d'un tutorat qui va mettre le pied à l'étrier à Vincent Villelégier, son successeur.

Aujourd'hui, transmettre son exploitation est difficile. Or, Pascal Laurent, installé depuis 1989 en élevage ovin à Saint-Christophe, en Charente limousine, a retroussé ses manches afin de trouver une solution. Car approchant de la soixantaine, il n'avait pas du tout envie de voir disparaître après lui un outil "pas si mal"...

Une ferme en fermage et éco-autonome

Depuis son installation en production d'ovins viande, Pascal Laurent conduit aujourd'hui une troupe de 500 grivettes en race pure, une race rustique des Monts du Lyonnais, sa région d'origine. "Ce sont des brebis prolifiques avec du lait et surtout un désaisonnement naturel, pour lequel on ne met pas d'éponges, ce qui me plaît bien", dit-il d'emblée.

Son exploitation, qui compte 92 ha de SAU, est intégralement en fermage, même la maison d'habitation. Un premier argument de poids pour inciter à la reprise. "En prime, je suis sur un système herbager, autonome et économe", ajoute-t-il. "Depuis 2008 et la crise économique, je fais 15 ha de céréales destinées à l'autoconsommation, contre 6 ha avant, et je mise sur la production d'agneaux de bergerie pour le marché de Noël." Un deuxième argument qui pèse aussi.

Parce qu'il a déniché un débouché en vente directe, "l'agnelage se déroule tout au long de l'année. Les brebis agnèlent dedans et sortent tout de suite sauf celles de contre-saison qui allaitent à l'intérieur", explique-t-il. C'est une organisation plutôt simple, l'élevage est plutôt extensif. Et de trois arguments !

Anticiper sa cessation

Tous ces points et l'amour de son métier l'ont poussé à réfléchir sa transmission tôt. "J'ai été élu à la Chambre d'agriculture de Charente. On se posait déjà la question sur le renouvellement des générations...", dit-il. "Je me suis interrogé et je me suis rendu compte que trouver quelqu'un deux ans avant de prendre sa retraite était court. Du coup je me suis inscrit au Répertoire départemental à l'installation, j'ai suivi un stage avec plusieurs interlocuteurs, dont Martial Pouzet, chargé du dossier Installation-Transmission à la Chambre d'agriculture 16, et là je vois qu'il faut que je travaille jusqu'à 64 ans. Mais j'ai pas envie !", avoue-t-il.

Un stage "parrainage" pour s'immerger

Et puis un jour, il a rencontré Vincent Villelégier. Vincent avait envie de s'installer à titre principal. Pascal avait envie de céder sa ferme... Les choses se sont enchaînées.

Quand Vincent Villelégier a décidé de se lancer dans l'aventure, ça faisait 10 ans qu'il travaillait à Limovin et 6 ans qu'il avait repris la ferme familiale avec son cousin, à Montrol-Sénard. "On avait un projet de s'agrandir qui n'a pas abouti. J'habite à Montrollet et une de mes collègues m'a parlé de Pascal. Je l'ai rencontré, sa ferme m'a plu", avoue le jeune homme. Il a alors signé une rupture conventionnelle avec son employeur et "on a signé une convention avec Pôle Emploi, la Chambre d'agriculture et nous deux, épaulés par Martial Pouzet. Vincent a commencé en début d'année pour un tutorat qui durera 18 mois, jusqu'en juin 2023", ajoute Pascal Laurent.

Les choses se sont très vite débloquées et heureusement car Vincent, qui a 31 ans, estime que c'est le moment de prendre ce type de décision. Les propriétaires de l'exploitation et de la maison sont ravis que l'aventure continue. Le stage "parrainage" qui est enclenché va permettre à Vincent de mettre un pied dans l'entreprise, de s'habituer à la ferme, aux animaux et au matériel. "Pascal est quelqu'un de très ouvert, nous avons une bonne communication, c'est très important", note le jeune homme. En parallèle, "mon projet d'installation est aujourd'hui en cours de mise en place. Des expertises vont permettre de déterminer le coût de la reprise qui sera intégrale. Je compte bien continuer avec les grivettes, peut-être pas en sélection mais je garderai la souche", dit-il, déjà un pied dans le futur.

Cette initiative fait donc au moins deux heureux. Un jeune qui va pouvoir se lancer. Et un éleveur satisfait de voir le travail d'une bonne partie de sa vie qui va perdurer.

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