Culture

Le retour des Ostensions limousines

le père Jean-Marie Mallet-Guy, l'évêque de Limoges, Pierre-Antoine Bozo, le président de la Fédération des Confréries limousines, Patrick Proisy, et Marie-Flore Harmel, déléguée épiscopale à l'information, ont présenté les 73é Ostensions limousines.
le père Jean-Marie Mallet-Guy, l'évêque de Limoges, Pierre-Antoine Bozo, le président de la Fédération des Confréries limousines, Patrick Proisy, et Marie-Flore Harmel, déléguée épiscopale à l'information, ont présenté les 73é Ostensions limousines.
Les Ostensions peuvent aussi se dérouler dans un cadre champêtre.
Les Ostensions peuvent aussi se dérouler dans un cadre champêtre.
La coupe reliquaire du chef de saint Martial.
Ce n'est que tous les sept ans, autant dire que les Ostensions limousines sont attendues autant par les croyants que par les habitants et les touristes.

C'est un voyage dans le temps autant qu'un voyage géographique, pour une grande part le long de la Vienne. Un temps qui nous plonge au cœur du Moyen-Âge, à la toute fin du Xe siècle. Dans le duché d'Aquitaine, on meurt comme brûlé de l'intérieur, c'est le Mal des Ardents, cette épidémie provoquée par l'ergot du seigle, un sale champignon qui parasite les fins de récolte des céréales utilisées pour faire le pain. Un concile se tient à Limoges pour lutter contre ce mal. La solution retenue par les évêques, abbés et seigneurs d'Aquitaine est de porter en procession les reliques de saint Martial, celui qui évangélisa les Lémovices. Et l'épidémie cesse, c'est le Miracle des Ardents. Dès lors, on montrera aux fidèles les reliques des saints qu'on invoque, montrer comme ostendere en latin, donner à voir, d'où les Ostensions.

Bon, au début, dans les siècles qui suivent le Miracle des Ardents, c'est un peu comme je veux ; une épidémie, une ostension, une célébrité qui vient à Limoges, une ostension, tout ça n'est pas très cadré. Jusqu'en 1519 où l'ostension devient régulière et ce sera tous les sept ans. Sept ans, c'est évidemment symbolique mais c'est aussi, comme le dit le père Jean-Marie Mallet-Guy, « le temps de respirer entre deux éditions sans avoir eu le temps d'oublier la précédente ».

« Je suis normand et j'ignorais l'existence de ces Ostensions avant mon arrivée à Limoges », révèle l'évêque de Limoges. Du coup, Pierre-Antoine Bozo attend cette manifestation « avec curiosité et une vraie joie ». Si l'évêque est évidemment un acteur majeur de cet événement, Pierre-Antoine Bozo tient d'abord à féliciter et louer le travail « de toutes les petites mains qui œuvrent dans chaque cité, les comités et les confréries ». Ces Ostensions ont en effet ceci de particulier qu'elles couvrent l'ensemble de la Haute-Vienne, en particulier le long de la rivière Vienne ainsi qu'au Dorat et à Saint-Yrieix, un peu la Charente, la Vienne et la Creuse, et qu'elles sont organisées par des comités locaux avec l'aide des confréries et de la Fédération des confréries limousines. « Les comités sont dédiés à l'organisation des Ostensions et nous veillons à les faire vivre et les animer entre deux éditions », souligne Patrick Proisy, président de la Fédération.

Ces Ostensions limousines, reconnues par l'Unesco au Patrimoine culturel immatériel de l'Humanité depuis fin 2013, sont donc des « manifestations en l'honneur des saints dont les reliques sont conservées dans les églises du Limousin », comme le définit Jean-Marie Mallet-Guy. Manifestations religieuses donc, et même catholiques et chrétiennes, mais pas uniquement. Et en cela elles sortent en effet de l'ordinaire. Dans toutes les cités où a lieu une ostension, les habitants se mobilisent et c'est toute la ville qui s'investit. Ce sont aussi des manifestations qui attirent du monde, on parle ainsi pour la précédente édition de quelque 100 000 visiteurs à Saint-Junien. « Je crois qu'elles sont un lien portant une fonction identitaire », avance Jean-Marie Mallet-Guy, pour expliquer cet engouement. Cette année, le Limousin va donc se vouer à tous ses saints.

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