Qu'est-ce qu'un tiers-lieu ? Si vous posez cette question, attendez-vous à obtenir quantité de définitions. En fonction de l'endroit, en ville, à la campagne, des acteurs, des associations, des élus, des habitants, la réponse n'est pas la même mais toutes ces réponses seront les bonnes. « Un tiers-lieu, c'est un Objet territorial non identifié », définit Aurélien Curbelié, directeur adjoint à la formation du Centre national de la fonction publique territoriale lors de la rencontre régionale des acteurs publics engagés consacrée aux tiers-lieux et qui s'est déroulée le vendredi 11 avril au Bâtiment 25, nouveau tiers-lieu de Limoges. Et ces OTNI sont une réponse des territoires à cette autre question simple : Comment faire ensemble ? Cette journée était organisée par la Coopérative Tiers-lieux, qui fédère les tiers-lieux de Nouvelle-Aquitaine, avec le soutien de divers partenaires dont la Région et l'Agence nationale de la cohésion des territoires.
Pour illustrer ce que peuvent être des tiers-lieux, cette rencontre, qui s'adressait aux élus et aux agents territoriaux, était ponctuée le matin d'une table ronde avec trois exemples et l'après-midi des ateliers thématiques étaient proposés autour de l'accès au foncier, des liens avec les services publics ou encore des besoins des acteurs et des territoires... « Nous sommes ravis d'accueillir ce temps fort, ici au Bâtiment 25, parce que, nous, pour monter ce projet, nous avons participé à ce type de journée et c'est important de se nourrir des autres », a lancé en préambule Sandra Le Berre, codirectrice de Bâtiment 25 et toujours présidente de l'association support.
Formidables laboratoires
« Un tiers-lieu est parfois difficile à appréhender parce qu'il s'éloigne bien souvent des modèles administratifs », reconnaît Aurélien Curbelié. Mathieu Hazouard préfère y voir de « formidables laboratoires qui donnent de l'espoir ». Le conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine en charge des enjeux numériques revient sur le rôle que joue la Région en la matière. La Nouvelle-Aquitaine ne compte pas moins de 270 tiers-lieux dont les trois-quarts sont en zone rurale, faisant de la Région la deuxième en France, derrière l'Île-de-France, dont les tiers-lieux sont essentiellement à Paris. La Région entend bien poursuivre son soutien à cette dynamique, pour preuve, l'adoption en mars de la nouvelle stratégie tiers-lieux portant sur les années 2025 à 2028. Dans ce cadre, un nouvel appel à manifestations d'intérêt a été lancé. L'ambition est que chaque citoyen néoaquitain dispose d'un tiers-lieu à moins de 20 minutes de son domicile.
Le représentant de l'Agence nationale de cohésion des territoires, Arnaud Bonnet, a admis que « la Région Nouvelle-Aquitaine a inspiré notre travail en direction des tiers-lieux ». L'Agence en question a publié récemment un guide des tiers-lieux et des collectivités qui reprend des exemples existant parce que « nous devons nous appuyer sur les initiatives locales ». Si la volonté existe, des risques demeurent, notamment liés aux contraintes budgétaires. « C'est une politique publique vulnérable, reconnaît Arnaud Bonnet. Mais quand les élus connaissent ces lieux, ils se mobilisent pour les défendre. » D'où la nécessité de faire réseau pour peser un peu plus. Et voir le territoire se consteller d'OTNI.