Agriculture

Des expérimentations à partager

Nouvelle Aquitaine / Lot-et-Garonne
Protei-NA
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Le réseau Protéi-NA a organisé, mardi 5 novembre au lycée agricole de Coulounieix-Chamiers, une restitution des projets en lien avec l'autonomie protéique en Nouvelle-Aquitaine.

Valoriser et fédérer les projets autour de l'autonomie protéique en Nouvelle-Aquitaine. Telle est l'ambition du réseau Protéi-NA porté par la Chambre d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine. « C'est un groupement qui existe depuis 2020 et qui a donné lieu à environ 80 projets financés par la région Nouvelle-Aquitaine dont Prot&Ose, projet porté ici par la Chambre d'agriculture de Dordogne. Et le but de cette journée est de montrer qu'il existe une dynamique autour de cette thématique de la protéine dans notre région », cadre Laëtitia Séguinot, animatrice du réseau Protéi-NA.

Pour tenter de dresser le panorama des initiatives, plusieurs ateliers étaient proposés aux participants. L'un d'entre eux avait pour thème la valorisation des graines des cultures protéiques en élevage. Laurent Alibert, membre de l'Institut du porc, rappelle l'importance pour les cochons de l'incorporation des graines protéagineuses dans la ration. « Nous avons en nutrition porcine trois groupes de matières premières : énergétique avec les céréales, les mixtes (pois, féverole et oléagineux) et les matières azotées. Viennent s'ajouter aussi les tourteaux de soja. Ce qui est important pour le porc pour faire du muscle, ce sont les acides aminés et plus particulièrement les acides aminés digestibles avec un facteur limitant qui est la lysine digestible », explique-t-il.

L'impact du soja pour les bovins

À ses côtés, Adèle Marsault, technicienne à l'Institut de l'élevage a rendu les conclusions d'un projet autour du soja dans l'élevage bovin lait. « Nous avions l'objectif d'étudier l'utilisation du soja local dans la ration des bêtes. Les premiers retours mettent en évidence l'efficacité du soja, à condition de respecter l'équilibre de la ration. Si un éleveur retire un correcteur à base de colza ou de soja, il faut substituer à une hauteur suffisante pour que les besoins de l'animal soient couverts », introduit la technicienne.

« Il n'est pas utile de toaster car le retour sur investissement est faible »

Cette dernière a enquêté auprès de sept éleveurs et a mis en évidence des pratiques hétérogènes sur les taux de substitution.

« On a pu voir, par exemple, certains éleveurs remplacer 700 g de tourteaux par 1 kg de graines de soja. Notre enquête n'a pas permis de sortir une pratique type, duplicable à toutes les exploitations. Par ailleurs, les éleveurs interrogés estiment ne pas avoir vu la différence sur leurs animaux avec l'introduction ou non du soja dans la ration », explique Adèle Marsault.

Du point de vue de l'utilisation, la technicienne indique qu'il est important de broyer la graine de soja car les vaches ne sont pas capables de le faire elles-mêmes. Par ailleurs pour elle, « il n'est pas utile de toaster en ruminants car le retour sur investissement est faible ».

Le dernier volet de l'étude est l'incorporation du soja en fonction des systèmes. La concurrence est rude pour le soja autoconsommé car il a tendance à remplacer le maïs grain, culture très rentable, et, à l'auge, il vient se substituer au tourteau de soja. Dans les systèmes conventionnels, qui peuvent utiliser des OGM, le soja n'est pas rentable. C'est un peu moins vrai avec les systèmes sous signes de qualité. Le fait d'améliorer l'autonomie protéique peut permettre d'accéder à des cahiers des charges qui peuvent améliorer la rentabilité de l'atelier.

« En revanche, le soja est rentable en système bio et ceux utilisant de l'huile de palme. Dans les élevages étudiés, lorsqu'ils utilisent des graines de soja, ils n'ont pas d'huile de palme. Et comme c'est un produit coûteux, la marge sur le coût alimentaire est favorable avec la graine de soja », précise Adèle Marsault. Enfin, l'étude de l'Idele n'a pas permis non plus de tirer des conclusions précises sur l'impact environnemental.

Des valorisations chez les agneaux

L'utilisation des graines de cultures est aussi possible pour la finition des agneaux. C'est ce qu'a démontré Laurence Sagot, ingénieure au Centre interrégional d'information et de recherche en production ovine (Ciirpo).

« Les graines de protéagineux sont utilisées en mélange fermier pour les agneaux en association avec une ou plusieurs céréales. Par convention, les éleveurs utilisent principalement le pois et la féverole. Il existe aussi le lupin mais qui est délaissé pour des raisons agronomiques. Le seul bémol de ces deux légumineuses, c'est leur teneur en PDI (protéines digestibles dans l'intestin grêle) qui est relativement basse. Donc, lorsque vous associez le pois avec une céréale, la teneur en PDI de votre aliment agneau est inférieure aux 100 g/kg brut préconisé. Nous sommes entre 80 et 90 g/kg brut », cadre l'ingénieure.

La durée de finition des agneaux s'allonge de 8 à 10 jours. « Un agneau va manger plus, pour compenser le déficit énergétique, mais l'animal ne sait pas compenser le déficit azoté, donc il pousse moins vite. Ses vitesses de croissance sont diminuées de 20 % », ajoute Laurence Sagot.

Des conclusions d'essais intéressantes

Pour contrer ce déficit, la préconisation va vers le toastage. D'après l'Institut national de la recherche agronomique, le pois toasté permet d'améliorer la teneur en PDI de 30 à 40 g. Des essais ont été menés au Ciirpo avec deux lots de pois, dont un ayant été toasté. À noter que le prix du toastage est estimé à 55 €/t.

« Durant la première année de l'essai, nous avons enregistré un gain de PDI de l'ordre de 4 g. La deuxième année, avec un pois plus classique, la teneur en PDI a été augmentée de 10 g. Sachant que l'on incorpore le pois à raison de 40 % de la ration totale, cela vous donne une idée de l'augmentation de la valeur azotée du mélange fermier qui est extrêmement faible », estime Laurence Sagot.

Elle conclut donc sur une absence de l'amélioration des croissances. Sur les indices de consommation (qui se calculent par rapport aux quantités de concentré consommé pour faire un kg de pois vif), il y a également peu de différence.

« Ces résultats s'expliquent logiquement par la valeur alimentaire du pois toasté. Il n'y a pas non plus de différence entre les deux modalités concernant les indicateurs de la qualité du gras », précise-t-elle. Enfin, du point de vue financier, l'étude met en évidence un coût de la ration à 2 €/agneau avec le pois toasté. Un tarif « non négligeable », selon Laurence Sagot.

L'autre volet de la journée Protéi-NA s'est concentré sur l'autonomie protéique grâce notamment aux méteils. Dans ce cadre, des essais ont été menés par Antoine Buteau, de l'institut technique Arvalis, sur 222 jeunes bovins charolais à la ferme expérimentale des Bordes à Jeu-les-Bois (36).

Six modalités différentes ont été testées : trois rations à base de maïs ensilage et trois rations de céréales. « Ces rations ont été distribuées à des broutards à 370 kg vifs et ils ont été engraissés jusqu'à 430 kg de carcasse. On a constaté une forte économie dans les rations à base de céréales. Car lorsqu'on incorpore 25 ou 50 % de méteil dans le mélange, on diminue le coût alimentaire de 0,15 à 0,48 € par jeune bovin (JB) et par jour. Ce qui est intéressant lorsque l'on sait que la durée d'engraissement est en moyenne de 180 jours », explique Antoine Buteau.

Tous ces exemples de projets ont été collectés dans un livret disponible auprès de la Chambre régionale d'agriculture.

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