"Nous allons descendre cette parcelle de cabernet sauvignon. Pour l'instant, je ne vous dis rien sur la flavescence dorée. Si vous voyez des choses qui ne sont pas normales sur les vignes, on essaiera de comprendre ce qu'il se passe", explique Cathy Lourtet, responsable du service technique à la Fédération des vins de Bergerac et Duras (FVBD), aux étudiants en 2e année de BTS viticulture-œnologie au lycée agricole de La Brie. Alors que les vendanges ont commencé, le groupe s'est rendu au château de La Jaubertie à Colombier. La technicienne a guidé une quinzaine d'élèves avec leur enseignant, Henri Crabanac, dans le vignoble pour observer des symptômes des maladies qui détruisent les pieds de vigne. C'est à ce moment de l'année où ils sont le plus visibles (mi- septembre), que ce soit pour la flavescence dorée ou les maladies du bois.
Cathy Lourtet est également référente régionale du Plan national contre le dépérissement du vignoble (PNDV). C'est dans ce cadre qu'elle rencontrait pour la première fois des étudiants en viticulture pour les sensibiliser à cette problématique majeure. "Ces actions font partie de la mission du PNDV. Il s'agit de faire infuser, chez les viticulteurs et les futurs professionnels, les résultats du plan, les connaissances et les bonnes pratiques", explique Cathy Lourtet.
Le plan national se déploie en trois axes : le matériel végétal, la recherche et le transfert de l'information. Les recherches portent sur les maladies du bois, les viroses, le matériel végétal (création de la marque Vitipeps pour assurer des plants sains) et la flavescence dorée. Elles traitent aussi des conséquences du changement climatique comme la sécheresse et les aléas. En 2022, les “15 du plan”, des référents régionaux, ont été désignés dans chaque bassin viticole pour diffuser l'information de ces programmes.
Observer les symptômes
"Ici, il y a un rougissement sur la feuille comme la flavescence dorée, montre Cathy Lourtet. En regardant de plus près, on se rend compte que sur la branche, il y a une cicatrice qui fait un bourrelet. C'est une cicadelle bubale qui a fait des piqûres, faisant réagir le rameau, en multipliant ses cellules comme un cancer qui empêche la circulation de la sève dans une partie du rameau. Il ne faut pas confondre avec la flavescence dorée."
Plus loin, un autre pied exprime des symptômes foliaires de rougissement un peu partout, des taches blanches de décoloration. Une seule partie du pied est touchée. "Ici, on peut tout à fait avoir une suspicion de flavescence dorée", selon Cathy Lourtet rappelant les trois principaux signes de la maladie : une décoloration du feuillage, un rameau non aoûté et l'absence de grappes ou un dessèchement de celles-ci. "Cela peut être aussi le bois noir. Il faut faire une analyse pour savoir de quelle maladie il s'agit."
La flavescence dorée provient d'une cicadelle spécifique (scaphoïdeus titanus), un insecte piqueur qui véhicule le phytoplasme (micro-organisme) de la maladie dans les pieds de vigne. Arracher le cep infecté est la seule manière d'empêcher la diffusion de la maladie.
Acquérir les connaissances
À un autre endroit, un cep est desséché par ce qui semble être une apoplexie causée par l'esca, maladie du bois provoquée par des champignons parasites, abîmant les tissus de circulation de la sève. En situation de sécheresse, la plante est privée d'alimentation brutalement et meurt de manière foudroyante.
Ensuite, les élèves sont retournés en classe à Monbazillac pour jouer au jeu des 7 familles sur les maladies des dépérissements de la vigne. Une manière ludique et pédagogique de traiter de cette thématique. "Nous abordons le sujet des maladies de dépérissement avec les élèves car il est préoccupant. Cela fait partie des connaissances qu'ils doivent acquérir en matière de viticulture. C'est très bien pour commencer l'année", a expliqué l'enseignant, Henri Crabanac.
L'après-midi, le groupe a visité les pépinières Leix, à Vélines, pour voir ce qui est fait aux plants de vigne pour se prémunir des maladies. Le matériel végétal – les porte-greffes ou les greffons, constitue un autre moyen de dissémination de la flavescence dorée car il peut être porteur de la maladie sans en exprimer les symptômes.