« On mange, on dort, on boit Madrigal B », sont les mots qui résument le quotidien de Sabine Halm, dentellière installée à Saint-Sulpice-les-Feuilles.
Originaire de Nouvelle-Calédonie, la dentellière a toujours su qu'elle voulait travailler dans l'art. Mais l'histoire en a voulu autrement. « Ma grand-mère a un jour dit à mes parents que Van Gogh était mort pauvre. » Alors, encouragée par des parents précautionneux, Sabine Halm a travaillé pendant quelques années en tant que prothésiste dentaire. Mais comme l'on revient souvent à ses premières amours, Sabine s'est très vite redirigée vers la dentelle. « Et pourquoi la dentelle ? dit-elle. C'est un hommage à mes ancêtres. Mon arrière-grand-mère, qui s'appelait aussi Sabine, était elle-même dentellière. D'ailleurs elle me regarde lorsque je travaille », précise-t-elle en pointant la photo accrochée au-dessus de son bureau. En 2016, elle ouvre donc son atelier et crée sa marque, Madrigal B.
Un travail de rigueur
L'artisane travaille pour les particuliers, elle crée des bijoux ou des accessoires de mode mais propose aussi son art à des couturiers professionnels à travers de l'ennoblissement de tissu essentiellement. Pour précision, c'est de la dentelle à la main que Sabine Halm confectionne. Plus précisément elle pratique une technique de dentelle à nœuds, intermédiaire entre la dentelle aux fuseaux et la dentelle à l'aiguille, un savoir-faire ancestral. Toutes ses pièces sont uniques et créées sur mesure. Un détail qui n'est pas des moindres, pour ce métier de niche qui demande énormément de rigueur et de concentration. C'est justement pour « échapper » à cette rigueur que « j'ai créé ma propre technique avec un outil, fait maison, qui me permet de conjuguer plusieurs techniques ». L'outil en question a été fabriqué par son mari qui travaille main dans la main avec elle. « Il produit mes outils, mais pas que, il s'occupe de la logistique lors de nos déplacements », explique-t-elle. Car ils en font beaucoup des déplacements, pour se rendre notamment à des concours. « C'est un métier de niche et il faut arriver à le transformer en ruche », métaphorise-t-elle. Les concours aident donc à gagner en notoriété et sont une belle récompense à ces longues heures de travail. « Ils font partie intégrante de mon métier », assure la dentellière*. Une profession que Sabine Halm a d'ailleurs apprise en autodidacte, « il n'y avait pas de formation pour devenir dentellière professionnelle à l'époque ». C'est pourquoi aujourd'hui son atelier est devenu organisme de formation pour professionnels. Être professionnel « ce n'est pas seulement avoir un numéro Siret, cela signifie que l'activité est la seule source de revenus de la personne, que c'est son métier », insiste Sabine. Et quel métier ! En plus des 4-5 heures de travail de dentelle, Sabine Halm fait aussi de la photo, s'occupe de son site internet, remplit les dossiers de candidatures pour les concours, prépare des expositions... « Il faut être fêlé pour faire ce métier, remarque-t-elle, mais c'est bien car comme ça la lumière passe ! » C'est la passion qui la porte mais cela va au-delà car « s'il n'y avait que de la passion on le ferait pour se détendre, là c'est un vrai métier, on a envie de repousser les limites ».
Des projets plein la tête
Même s'il n'y a pas que les écrivains qui ont le privilège de l'angoisse de la page blanche, Sabine Halm a des projets plein la tête, « j'ai trois ans d'avance de projets ». En plus de continuer les sculptures (voir encadré ci-dessous), elle se verrait bien travailler dans le milieu de la mode.
Bien qu'ayant un rythme de vie soutenu, Sabine Halm et son mari ne lâcheraient pas la liberté qu'ils ont acquise. C'est un choix de vie qui leur a permis d'acheter une maison, de construire un atelier, de manger à leur faim... en toute indépendance. Et cela leur suffit.
Contacts : 05 55 47 60 91, www.dentellemetierdart.fr