Le mur de l'indignation est déjà tombé, ce mur que les militants de la FDSEA et des JA ont monté devant la porte de la permanence commune des deux députés LFI de Haute-Vienne, Manon Maunier et Damien Maudet, pour protester contre la censure votée contre le gouvernement Barnier. « La censure n'est pas un acte anodin, concède Manon Meunier. Mais pour nous, c'est d'abord le refus d'un budget austéritaire. »
Pour les députés LFI, cette censure est dans la logique du résultat des élections législatives de cet été. « Le NFP a fini en tête de ces élections avec une volonté claire des électeurs de sortir du modèle politique macroniste », poursuit Manon Meunier. Par ailleurs, Damien Maudet précise que « c'est d'abord un rejet de la loi sur finances de la sécurité sociale et de la loi de finances ». Il rappelle que sur le financement de la sécurité sociale, « il s'agissait de réaliser 5 milliards d'économie sur la santé ». En revanche, il admet que ce sont bien trois mois qui ont été perdus puisque le RN avait refusé de voter la première motion de censure déposée par le NFP. En fait, les deux élus regrettent que pour faire face au déficit le gouvernement n'a proposé que de réduire les dépenses quand d'autres recettes seraient possibles. Surtout, tout le travail réalisé en commissions qui avaient permis d'amender les deux budgets en question n'a finalement pas été pris en compte. Et puisque les agriculteurs, notamment en Haute-Vienne, ont dénoncé cette censure, Manon Meunier revient sur le sujet. « Par rapport au budget précédent, l'agriculture perdait 300 millions. Nous, avec nos amendements, nous augmentions ce budget de 800 millions d'euros, c'était donc un mieux-disant par rapport au gouvernement Barnier. » Elle liste les 110 millions obtenus pour l'élevage face aux difficultés sanitaires, un soutien pour les collectivités utilisant les produits locaux, l'aide à l'installation... Damien Maudet poursuit l'argumentation : « Nous avions proposé tous les deux un amendement 100 % limousin avec la création d'une taxe douanière sur l'importation des bovins, une taxe qui, de fait rendait caduque le traité du Mercosur ». Sur le sujet du Mercosur, Manon Meunier dénonce un double discours du gouvernement acutel. « Ils ont dit qu'ils étaient opposés au traité en l'état. Ça signifie qu'après quelques clauses-miroir, il serait accepté. Nous, nous y sommes frontalement opposés. » Elle espère qu'une proposition de résolutions claire sera adoptée prochainement. Dans le même registre, Damien Maudet a rédigé une proposition de loi pour favoriser la viande française en restauration collective parce que « les marchés publics favorisent pour l'instant la viande étrangère en restauration collective ». « Il faut sortir l'agriculture des marchés de libre-échange », soutient Manon Meunier. Elle prend l'exemple du comté dans l'Ain : « Les éleveurs y ont instauré un système protectionniste, c'est bien la preuve que ça peut marcher. »