Agriculture

Une médecine ancestrale

Nouvelle Aquitaine / Lot-et-Garonne
Maxime Schilt
Maxime Schilt
Maxime Schilt
Maxime Schilt
Qu'il s'agisse d'un chat ou d'une vache, la vétérinaire utilise les même calibres d'aiguilles : 0,25x25mm
Les 24 et 25 octobre, Nayla Cherino Parra est venue former des éleveurs de Dordogne à sa spécialité, l'acupuncture animale. Elle partage les bienfaits pour l'élevage de cette médecine naturelle.

Mais quels sont ces drôles de dessins sur les vaches de Delphine Varaillon ? Traits, points, cercles... Il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs. Les coupables sont encore là, marqueurs à la main. Sept éleveurs de Dordogne sont venus sur l'exploitation de la jeune éleveuse à Mareuil-en-Périgord. Les 24 et 25 octobre, ils ont réalisé une formation à l'acupuncture sur bovins. Il ne s'agit donc pas de runes mystiques mais de repères nécessaires à l'exercice. Le stage est proposé par la Chambre d'agriculture de Dordogne. Vivea prend en charge une partie des coûts de la formation, les stagiaires payent le reste.

Les formateurs en acupuncture animale ne courent pas les rues. « Je viens tout droit de Bretagne », signale Nayla Cherino Parra, vétérinaire. Elle a formé les stagiaires pendant deux jours. Le matin, cours théoriques, l'après-midi, direction les stabulations. La formatrice montre l'exemple sur Talita, une Normande, nerveuse au premier abord. Elle donne des conseils pour repérer les points d'acupuncture. En face, les éleveurs sont studieux. Ils sont penchés sur leur carnet et notent toutes les indications. Ils se répartissent ensuite sur trois autres vaches pour la pratique. Les résultats sont visibles. Lors de l'exemple suivant, Talita est plus détendue et se laisse approcher sans difficulté. 

L'équilibre des énergies

« L'acupuncture est une médecine vieille de plus de 3 000 ans », explique Nayla Cherino Parra. Elle repose sur la philosophie de la médecine traditionnelle chinoise. « Humain ou animal, nous avons une énergie vitale en nous. Nos organes sont comme des ampoules. Ils sont reliés par les méridiens, des fils qui véhiculent cette énergie. Les points d'acupuncture sont les interrupteurs du circuit.  » Les déséquilibres énergétiques sont à l'origine des maux. « La stimulation des points rétablit l'équilibre. Ça ne fait pas tout, il faut un équilibre d'hygiène de vie : bien manger, dormir, boire et respirer. »

L'acupuncture se divise en deux grands axes : le préventif et le curatif. Appliqué à l'élevage, cela se traduit par un axe autour du bien-être de l'animal. On stimule les points qui vont le détendre, renforcer ses défenses immunitaires ou améliorer sa fertilité.

« Le second lutte contre les pathologies. On peut combattre les hémorragies, les infections, les douleurs musculaires... », énumère la vétérinaire. « Attention, prévient-elle, je n'exclus pas l'utilisation de médicaments. L'acupuncture n'est pas une médecine parallèle, elle est complémentaire. Elle aide les traitements conventionnels à être plus efficaces. »

« C'est tout bénef' »

Nayla Cherino Parra est directe. « Il faut démystifier l'acupuncture. » Selon la vétérinaire, la mise en place de l'acupuncture dans un élevage réduit sa consommation de médicaments. Pour un éleveur laitier, la qualité du lait et de la viande augmente. « C'est tout bénef' pour le consommateur et pour l'environnement. Les produits, comme les rejets, sont moins riches en molécules chimiques. » Pour les grands cheptels, pas besoin de manipuler chaque individu. « Les résultats sont communicatifs, il faut agir sur les animaux dans le besoin puis quelques autres pour que les effets se diffusent », détaille la vétérinaire. Les bovins servent d'exemple mais les connaissances sont universelles. Il y a chez les stagiaires une éleveuse de chèvres et une de chevaux. « Je donne des fiches pour identifier les points d'acupuncture sur chaque espèce. »

Parmi les stagiaires, David Gesnouin, éleveur de bovins allaitants, est convaincu. « Je ne connaissais pas l'acupuncture bovine mais maintenant, je compte bien m'y mettre sur mon exploitation. » Il espère trouver le temps pour la pratique. « Au début, je vais avoir du mal à retrouver les points mais ça va venir avec l'expérience », se rassure-t-il. D'ici là, il s'exerce en traçant des lignes vertes sur le flanc de Tolède, la voisine de Talita.

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