Le dernier roman de Corinne Javelaud, "Les petits papiers de Marie-Lou", sorti en février 2021 aux éditions Calmann-Lévy, s'intègre dans la collection Territoires. En effet, cette écrivaine originaire de Maisonnais-sur-Tardoire avait à cœur de réaliser une série de romans ancrés sur le territoire. « C'est une collection qui met à l'honneur notre patrimoine, qui retrace une époque avec ses particularités, des événements historiques en toile de fond ou contemporains. La fiction prime mais s'appuie toujours sur la réalité », explique Corinne Javelaud.
L'action dans "Les petits papiers de Marie-Lou" se déroule dans le quartier des Chartrons de Bordeaux, dans les années 70. « À l'époque c'était un quartier de négociants de vin où les familles étaient installées depuis fort longtemps. Ce qui m'a inspiré c'est ça, cet ancrage patrimonial fort qui a fait naître dans mon imagination deux ou trois personnages qui m'ont appelée. L'histoire part de pas grand-chose et je laisse évoluer les personnages. Je travaille beaucoup à l'instinct, relate l'écrivaine. J'aime sortir des sentiers battus, faire se confronter des mentalités, des époques. Dans ce roman, c'est un Bordeaux en mouvance, on est à une époque charnière. On y voit comment le passé va rejaillir en force dans la vie des personnages », ajoute-t-elle. Tel est l'univers du travail de Corinne Javelaud, où la tension romanesque est forte bien qu'énormément documentée. L'écrivaine en est à son 14e roman, une aventure qu'elle était loin d'avoir imaginée quelques années auparavant.
« C'est presque une religion »
« J'ai toujours aimé écrire mais je ne pensais pas un jour être publiée », se souvient-elle. Corinne Javelaud travaillait au départ dans le domaine du tourisme « où l'écrit était quand même important ». Elle savait qu'elle n'allait pas y rester toute sa vie mais avait besoin d'expérimenter cette voie : « Je ne m'imaginais pas à 25 ans avoir un travail sédentaire, j'avais peur de ne pas m'épanouir. » C'est une période qui « m'a alimentée, qui m'a ouverte sur de nouvelles cultures », une grande source d'inspiration pour son métier d'écrivaine. L'intrigue de son premier roman, en 2008, se déroule d'ailleurs à Venise ("Venise aux deux visages"). « J'avais à ce moment-là envie de me lancer dans l'écriture, pour essayer, mais de là à être publiée ! » Corinne Javelaud ne l'avait pas vraiment anticipé. Après l'écriture de son premier synopsis, elle l'a fait relire, s'est fait conseiller puis l'a suggéré à une maison d'édition qui a répondu favorablement. C'est à partir de là qu'elle a attrapé le virus de l'écriture. Loin des clichés populaires, le métier d'écrivain « c'est un parcours semé d'embûches, qui demande beaucoup de travail, qui demande un investissement constant, tempère-t-elle. Quand je n'écris pas avec mon ordinateur, j'écris dans ma tête. Je suis toujours en train de creuser, d'affiner. Ce n'est pas douloureux car il y a une certaine jubilation mais il y a des moments difficiles où il m'arrive de réécrire des dizaines de fois certains passages... Quand on veut tenir un rythme d'un livre par an, c'est presque une religion », ajoute-t-elle.
Une autodidacte
Corinne Javelaud a, à la base, une formation littéraire et en histoire de l'art. Mais son rapport avec les formations classiques s'arrête là. Son métier d'écrivaine, elle l'a appris « sur le tas ». « J'aime bien le côté autodidacte, j'écoute de plus en plus mon intuition, c'est une vraie liberté », dévoile-t-elle. La clé selon elle c'est l'expérience : « Plus je travaille, plus je vois les choses qui sont bien, celles qui le sont moins. Il faut également lire, lire, lire. » Corinne Javelaud ne croit pas au mythe du génie : « Il faut un peu de talent mais c'est un vrai métier qui demande de faire un travail sur soi, de remise en question. »
Un prochain roman déjà en route
Son prochain roman, Corinne Javelaud l'a déjà en partie écrit. Même si l'intrigue reste pour l'instant dans le secret, il sortira au cours du premier trimestre 2022. Un rythme effréné pour cette passionnée qui espère bien le garder encore des années.