Quelques traces de neige rappellent que l'hiver n'est pas encore fini. Pourtant, en cette belle journée, les eaux se parent d'or en reflétant le soleil. Le petit bateau dérive tranquillement. Dérive ? Pas tout à fait, son petit moteur électrique maintient l'embarcation vers son cap à toute petite vitesse, pilotée par Julien Barret. Assis sur son siège, l'animateur de la Fédération de pêche ne quitte pas des yeux son sondeur. Sur l'écran s'affichent la profondeur, la température, le relief et « là ! Il y en a un qui vient de décoller du fond », lance Julien. À l'avant du canot, Mylor Fraile-Castello, debout et la canne bien en main, est attentif. « Touche ! » Et la canne ploie sous le poids puis en quelques secondes le jeune homme, en alternance à la fédération de pêche, ramène le sandre à bord.
C'était bien le moment d'attraper ce carnassier. Dans quelques jours, cette pêche-là sera fermée. « Dans les cours d'eau de première catégorie, l'ouverture de la pêche à la truite, c'est toujours le deuxième samedi du mois de mars et le dimanche, les carnassiers, c'est fermé », précise Julien Barret. Pour les carnassiers, il faudra attendre la fin avril pour les brochets, voire en juin pour les sandres. Même si, en réalité, les pêcheurs, en fonction des espèces, des cours d'eau, des techniques peuvent s'adonner à leur passion toute l'année.
La pêche, en Haute-Vienne, ce n'est pas une petite affaire. Julien Barret, le regard toujours fixé sur le sondeur, s'en félicite. « En Haute-Vienne, nous avons quelque 7 000 km de cours de première catégorie et 220 de seconde catégorie sans oublier les 2 000 hectares de lacs et plans d'eau gérés par la fédération. Surtout, nous comptons 14 000 pêcheurs avec une carte ». Mais le trentenaire n'est pas peu fier d'ajouter qu'aujourd'hui de nombreux jeunes, y compris de moins de 18 ans, prennent leur carte à la Fédération de Haute-Vienne. Même si ce n'est pas l'unique raison, il y voit aussi les fruits de son travail.
« Je suis tombé dedans quand j'avais cinq ans, j'ai suivi mon père et mon grand-père. »
Si Julien Barret, originaire de Dordogne, a commencé à pêcher enfant, c'est plus tard qu'il a décidé d'en faire son métier. Adolescent, bénévole dans une AAPMA, il rencontre régulièrement un technicien de la Fédération de pêche de la Dordogne, ce qui l'incite à s'orienter en lycée agricole vers un bac puis un BTS gestion de la faune et des milieux. Un BPEJPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport) spécialisé pêche de loisir, le voilà embauché à la fédération de Haute-Vienne en 2011. En charge du développement et de l'animation. « Quand je rencontre en bord de rivière un jeune de 25 ans que j'ai connu quand il avait 12 ans et qu'il me raconte qu'il vient de passer son BPEJPS parce qu'il veut faire le même métier que moi, ça me fait quelque chose », révèle Julien Barret. C'est en effet tout un travail d'animation qui est réalisé pour assurer la promotion de la pêche auprès du plus grand nombre, et notamment les jeunes. Julien Barret intervient en milieu scolaire pour une sensibilisation à la biodiversité en classe suivie d'une initiation à la pêche au bord de l'eau. La Fédération de pêche propose aussi des ateliers avec des moniteurs ou guides de pêche les mercredis ou samedis avec les associations locales de Saint-Junien, Aixe-sur-Vienne, Ladignac-le-Long et Limoges. « Pendant les vacances scolaires, nous organisons des stages sur deux jours. À Pâques, ce sera la truite, l'été les carnassiers ou le street fishing, un parcours de pêche en ville... » déroule Julien Barret. « Touche ! », lance Mylor. Cette fois, le sandre s'esquive dans la profondeur des eaux du lac de Vassivière.
