Rien n'a démarré simplement pour Joan. Quand elle a 6 ans, au début des années 1970, sa mère, impliquée dans un mouvement contre la guerre du Vietnam, meurt tragiquement dans une explosion. La grand-mère de Joan, soucieuse de protéger sa petite-fille, décide de changer son identité et de déménager. Bien plus tard, Joan, qui est devenue Amelia, rencontre l'amour, elle a un enfant une famille, un équilibre. Mais une nouvelle fois, le destin la frappe et ses deux raisons de vivre disparaissent tragiquement...
Du Golden Gate Bridge au cœur de l'Amérique centrale
Quand débute L'hôtel des oiseaux, Amelia est sur le point de sauter du Golden Gate Bridge, à San Francisco. Le chagrin est trop fort. Elle n'en peut plus... Puis finalement elle se ravise et saute dans un bus sans en connaître la destination, sans argent, sans rien. De toute façon, elle n'a plus rien à perdre... Au fil de son périple, elle rencontre des gens qui l'aident et au final, un jeune garçon l'entraîne sans explication jusqu'à un hôtel : celui des oiseaux appelé La Llorona (la femme qui pleure, en espagnol). Amelia est en Amérique centrale, quelque part au pied d'un volcan au pied duquel s'étend un lac. Et partout de merveilleux oiseaux...
Leïla, la patronne de l'hôtel, une femme au destin hors du commun, la prend sous son aile et bientôt elles deviennent amies. Amelia ne partira pas tout de suite... C'est dans ce lieu magique, où les gens du cru côtoient des étrangers venus s'y installer car à la recherche d'authenticité, qu'Amelia fera de riches rencontres, toutes différentes, toutes plus belles les unes que les autres.
"On ne trouve pas forcément ce qu'on cherche en venant au lac mais on trouve probablement ce dont on a besoin."
Elle y accueillera des touristes aux profils extrêmement variés comme cette jeune chinoise venue rechercher une plante destinée à la rendre fertile ; elle fera la connaissance de la jeune Sandra et de ses parents adoptifs, certains d'avoir retrouvé la trace de la mère biologique de l'enfant et venus ensemble à sa rencontre... Elle prendra à bras-le-corps la rénovation de l'hôtel des oiseaux pour qu'il ne tombe pas dans les mains de spéculateurs peu scrupuleux... On y suivra le long chemin d'Elmer qui veut conquérir la belle Mirabel...
C'est ici aussi qu'elle apprendra, cahin-caha, à se reconstruire... Avec toujours à l'esprit la phrase que lui avait confiée Leïla : "On ne trouve pas forcément ce qu'on cherche en venant au lac mais on trouve probablement ce dont on a besoin."
Ce roman foisonnant de 520 pages se compose de nombreux chapitres, très courts, qui rendent la lecture fluide. Il est édité aux éditions Philippe Rey, comme l'ensemble des romans de Joyce Maynard. On citera par exemple son premier : Baby love (1981), Et devant moi, le monde (1998), ou encore Long week-end (2009) qui sera adapté au cinéma en 2013 sous le titre Last Days of Summer avec Kate Winslet et Josh Brolin, L'homme de la montagne (2013) qui a remporté un beau succès en étant finaliste du prix des lectrices de Elle en 2015. Bien d'autres complètent l'œuvre d'une auteure attachée à mettre l'humain et ses émotions sur le devant de la scène.