"Bonjour, comment tu vas ? Je viens récupérer mes paniers", dit le coiffeur du coin. "Oui bien sûr ils t'attendaient ! Mais viens, entre, comme cela, tu verras les machines !", invite chaleureusement l'artisan en tendant les paniers brodés au nom du salon. Quand on dit que Saint-Laurent-sur-Gorre regorge de pépites, ce n'est pas peu dire. Thierry Bousquet, brodeur - mais pas que -, en est un bel exemple. "Je suis un autodidacte en tout", se présente d'emblée Thierry Bousquet, "je n'ai que le certificat d'études avec mention absent", plaisante-t-il. Et pourtant, curieux de tout et fin manuel, Thierry Bousquet est un touche-à-tout. Alors qu'il était encore développeur pour EDF dans la région parisienne, et voyant la retraite arriver à grands pas, il a peu à peu été piqué par le virus de la broderie. "Certains disent que c'est réservé aux femmes mais moi je m'en fiche, je m'éclate", souligne-t-il tout naturellement. "Ça a démarré avec des voisins qui m'ont demandé si je pouvais leur réaliser un projet en broderie", raconte-t-il. Tout heureux d'un nouveau challenge, Thierry a tout de suite accepté. De fil en aiguille, il s'est formé à cette pratique, en autodidacte comme à son habitude. Il a donc commencé avec une brodeuse domestique pour réaliser des "petites broderies" sur coussins, serviettes, plaids... "Je faisais ça le week-end", rapporte-t-il. Une fois à la retraite, plusieurs raisons l'ont amené à Saint-Laurent-sur-Gorre. Celui qui a toujours connu un environnement professionnel riche, empli de rencontres et d'échanges ne se voyait pas perdre ce dynamisme. Il a alors continué ses travaux, qu'il donne pour la plupart. "Je ne fais pas ça pour l'argent, précise-t-il. Et puis ça me permet de m'exercer et de me faire connaître."
Une organisation bien ficelée
Aujourd'hui, Thierry Bousquet travaille, depuis son domicile, avec deux brodeuses domestiques, deux brodeuses artisanales pour les projets un peu plus complexes, deux imprimantes 3D... "J'ai tout en double comme ça si j'ai une panne, je ne suis pas bloqué", assure-t-il. Bricoleur avant tout, il maîtrise sur le bout des doigts ses machines qu'il entretient et répare lui-même. Il dédie 80 % de son activité à la recherche et développement, 15 % à la création en elle-même et 5 % à l'entretien. En effet, bien que la broderie soit une activité manuelle, tous les prototypes que Thierry élabore sont d'abord créés sur logiciels.
En plus de répondre aux demandes de ses clients, "je les aide à formuler leur besoin puisque les gens ont souvent une idée en tête qui ne correspond pas forcément à ce qu'ils demandent", informe l'artisan. Il travaille entre autres pour le comité de jumelage de Saint-Laurent-sur-Gorre, le club de vélo de Saint-Junien, le coiffeur pour qui il a brodé des capes, et même pour des agriculteurs "qui souhaitaient broder des casquettes et des vêtements de travail". Rien n'arrête Thierry Bousquet qui, lorsqu'il ne sait pas faire, s'entraîne, essaie, recommence. Il travaille d'ailleurs en ce moment sur des emballages en carton pour distribuer ses créations, notamment pour le salon bien-être de Saint-Laurent, car "je ne trouvais pas ce que je voulais dans le commerce donc je l'ai fabriqué, explique-t-il. Et j'essaie toujours de mettre ma touche personnelle afin de sortir de l'ordinaire".
Cet artisan au grand cœur crée toujours pour sa première cliente, sa femme, Marilyne. Leur maison regorge d'ailleurs de ses créations favorites. On y trouve des exemples de tous ses savoir-faire : des sculptures, des vitraux, des objets et bien sûr des broderies. "Ma seule limite est mon imagination", affirme-t-il en regardant sa femme avec un sourire. Thierry Bousquet travaille sur rendez-vous sous l'enseigne "Brodadom". "J'aime d'abord rencontrer les personnes et on voit ensemble la faisabilité du projet", conclut-il.