Contrairement aux idées reçues, l'apprentissage n'est plus cette "voie de garage" dont tout le monde veut se détourner. C'est devenu une filière d'excellence et "des voies dans lesquelles les jeunes pourront s'épanouir. Notre devoir aujourd'hui est de valoriser cette jeunesse qui va vers l'apprentissage", explique Thibaud Bergeron, conseiller régional Nouvelle-Aquitaine. C'est à cela que les concours de meilleurs apprentis et de meilleurs ouvriers de France œuvrent chaque année. Et à raison puisque les apprentis de la région sont revenus avec des médailles d'or, d'argent et de bronze, toutes filières confondues. En témoignage de reconnaissance, une remise des prix des meilleurs apprentis de France a été accueillie à l'Hôtel de Région à Limoges jeudi 8 juin pour les promotions Ephrem Longepé (2022) et Paul et Liliane Gillant (2023). Un symbole fort donné par la Région, explique Edwige Gagneux, conseillère régionale déléguée à la formation et qui ne cache pas son émotion au moment de la remise des médailles. " J'ai aussi été meilleure apprentie en France, catégorie fleuriste. Et je sais tout l'engagement que cela demande", se souvient-elle. La soirée fut conviviale en présence des formateurs, des directeurs d'établissements, des élus locaux, des familles des lauréats et de ceux qui ont pu déclencher des vocations... En Haute-Vienne, plusieurs filières sont en force et nous nous sommes penchés sur le parcours de deux lauréats de 2023 formés dans le département ; Selin Ozpinar, médaille d'or nationale en coiffure et Kévin Larousse, médaille d'or régionale, boucher.
Une histoire de transmission
Son histoire ressemble à un conte, un jeune apprenti qui voulait être médecin et le jour où il passe une journée chez un boucher, le métier le séduit et il change de cap. Sans aucune amertume, Kévin Larousse aime avant tout l'anatomie, la chair, le découpage." J'ai l'habitude de dire, c'est la même chose sauf que les clients ne peuvent pas se plaindre", s'amuse l'apprenti boucher. Ce début de vocation, il le doit à celui "qui lui a mis son premier couteau entre les mains", son premier patron à la boucherie St-Jacques de la Souterraine, en Creuse. Mais également à un autre homme, un boucher exceptionnel qui a formé même son premier patron, Jean-Claude Gagneux. Le mentor venait tous les jours dans la boucherie et "il m'apprenait toutes les techniques méconnues de la profession, et ces détails qui font la différence, avec une exigence inouïe", se rappelle Kévin. Cette formation de haute qualité lui a valu la médaille d'or au meilleur apprenti boucher Nouvelle-Aquitaine. "On ne s'improvise pas boucher", ajoute Kévin. Le jeune homme reconnaît avec humilité son talent qui a été façonné par ses maîtres mais aussi avec beaucoup de travail et qui est impossible sans "l'amour de son métier " précise-t-il. " je pense que dans les années à venir, seuls ceux qui aiment le métier de boucher pourront y rester".
Une histoire de volonté
Quand Selin Ozpinar a annoncé à sa famille son souhait de se diriger vers un CAP coiffure, la nouvelle ne réjouissait pas beaucoup de monde. Et pourtant, c'est dans cette filière que la jeune femme va se distinguer par une triple médaille d'or de meilleure apprentie en coiffure à l'échelle départementale, régionale et récemment nationale. La jeune apprentie a eu raison de s'accrocher à "son rêve de jeune fille" comme elle le dit. "Avec ce prix, j'ai plus confiance en moi et en mes capacités". Aujourd'hui, elle fait la fierté de son entourage et de la professeure qui l'accompagne dans cette aventure.
Faire confiance aux jeunes et à leur capacité à choisir, honorer ces choix qui peuvent de prime abord détonner et ensuite se transformer en voies d'excellence est l'assurance que la "fièvre de la jeunesse maintiendra le reste du monde et que celui-ci ne risque pas de claquer des dents ".
