Parfois, il suffit d'un lieu pour transformer une vie. Christophe Plateau, originaire de la région parisienne, menait des études d'architecture d'intérieur. Mais le jeune homme souhaitait conserver le domaine familial au cœur du Limousin, à Peyrat-le-Château, près du lac de Vassivière. Une grande maison, des granges, des terres autour... Qu'en faire ? Un premier gîte dans les années 90 sera une première piste mais « l'idée, c'était d'exploiter le lieu plus largement », raconte Olivier Gebelin qui participe à cette aventure depuis les premiers jours. De fil en aiguille, d'idées en idées, une émerge et va devenir celle qui colle complètement avec la philosophie du futur exploitant agricole : les ânes pour proposer des balades, plus ou moins longues, aux touristes.
« C'est notre 22e saison », se réjouit Olivier Gebelin. Il sort deux ânes du pré où ils pâturaient pour les préparer. Durant toute la saison estivale, c'est la routine du matin : aller chercher les animaux, les brosser, leur curer les sabots si besoin et les harnacher en attendant qu'arrivent les premiers promeneurs ou randonneurs. Pendant qu'Olivier s'occupe des ânes qui partiront au maximum pour la journée, Christophe prend en charge les randonnées de plusieurs jours. Là, il est hors de question de laisser partir un âne sans que les touristes aient bien intégré tout ce qu'il y a à faire pour préserver leur santé.
Une relation romantique
Sur la ferme du lac de Vassivière, le rapport aux ânes se veut « romantique » comme le qualifie Olivier Gebelin. D'ailleurs, « ils restent avec nous jusqu'au bout », confie-t-il. Et un âne peut vivre jusqu'à 40 ans. La doyenne, qu'Olivier Gebelin prépare ce jour-là pour une petite balade d'une heure avec un jeune enfant sur son dos, a aux environs de 35 ans ; c'est une estimation parce que le puçage des ânes n'est obligatoire que depuis 2008.
Le troupeau est composé de 14 ânes. « En fonction de leur âge, nous adaptons les activités », explique Olivier Gebelin. En résumé, aux plus jeunes, les randonnées de plusieurs jours où il faut du dynamisme et une pleine forme physique, aux plus anciens, les petites balades où calme et sagesse sont nécessaires.
Pour montrer leur attachement autant que leur philosophie d'éleveurs, Olivier Gebelin relate le temps qu'ils sont capables d'accorder à leurs animaux : « S'il faut cinq, sept ans ou plus pour qu'un de nos ânes apprenne ce que nous voulons de lui, et bien, nous prenons ce temps pour qu'il reste avec nous. Et, au final ça marche. » Bien loin des stéréotypes de la productivité économique. Mais les enfants, lorsqu'ils caressent les ânes de Christophe et Olivier, ne s'y trompent pas.