Politique (ancien)

Agrobio 87 se rebelle

Haute-Vienne
Thomas Lemoine, président d'Agrobio 87.
La présentation de la première version du PSN (plan stratégique national) d'adaptation de la Pac crée des remous au sein des bio. Explications de Thomas Lemoine, président d'Agrobio 87.

Thomas Lemoine exploite environ 250 hectares en céréales, à Verneuil-Moustiers. Après avoir produit du lait en conventionnel, il a converti sa ferme à la bio en 2014 et arrêté totalement le lait en 2016. Il est aujourd'hui le président d'Agrobio 87, l'association départementale qui œuvre au développement de la bio. À la suite de la publication de la déclinaison nationale de la future Pac, appelée Plan stratégique national (PSN), une délégation d'Agrobio 87, comprenant également Denis Lecoq et Rémi Marivin, a été reçue par le secrétaire général de la préfecture, Jérôme Decours, et les responsables de la DDT, lundi après-midi. Cette entrevue à la préfecture fait suite à la manifestation nationale du 2 juin à Paris.

Que va changer le PSN présenté par le ministre de l'Agriculture pour la bio, en particulier en Haute-Vienne ?

Thomas Lemoine, président d'Agrobio 87 : Le gouvernement, et ça a été la même réponse à la préfecture lundi, estime que le PSN est un plus pour la bio puisque l'enveloppe dédiée à la conversion va augmenter. Ce qui est vrai. Mais l'aide à la conversion est un accompagnement qui s'arrête au bout de cinq ans. Ça veut dire quoi : au bout de cinq ans, on les lâche. Alors, que, pour nous justement, l'agriculture bio mérite d'être reconnue par rapport à ce que l'on fait : non seulement nous produisons des produits bio mais nous avons un impact sur la société, nous sommes source d'emplois et de développement économique local, et ça mérite reconnaissance. Effectivement, nous attendons une reconnaissance d'un service rendu à la société par rapport à la préservation de l'environnement. Prenons l'exemple des captages d'eau, la bio protège ses eaux et évite des traitements supplémentaires pour éliminer tous les produits phytosanitaires.

La FNAB (Fédération nationale de l'agriculture biologique) a mis en place un simulateur qui permet aux agriculteurs de voir ce qu'ils vont perdre entre leur Pac 2019 et la Pac 2023 telle qu'elle se dessine. On peut prendre ce qui pourrait se passer en Haute-Vienne. La bio est en train de se développer et nous sommes actuellement à 477 fermes, soit 10 % des exploitations, qui représentent 9,8 % de la SAU. Nous allons atteindre les 500 fermes pour plus de 10 % de la SAU. Prenons deux exemples haut-viennois pour comparer les aides au maintien des Pac 2019 et 2023. Un verger de 34 hectares touchait près de 20 000 euros en 2019, ce ne sera plus que 2 360 €, soit une baisse de 85 %. Une ferme en polyculture élevage bovin allaitant de 102 hectares pour 80 vaches passerait de 27 250 € à 17 270 €, soit une baisse de 58 %. Bien entendu, nous ne parlons que des aides au maintien et d'aucune autre aide Pac. En moyenne, ça fera 66 % d'aide en moins pour un agriculteur bio.

Ce sont vos seuls griefs contre le PSN ?

Th. L. : Non. Un autre point nous embête, c'est de mettre la HVE (Haute valeur environnementale) au même niveau que la bio en ce qui concerne l'attribution des aides alors que, nous, en bio, nous n'utilisons pas du tout de produits phytosanitaires. Avec la FNAB, nous demandons des renégociations, avec des propositions. Nous présentons notamment un tableau qui étage les aides en fonction des services rendus à l'environnement. La HVE y aurait sa place bien sûr, mais moins que la bio. Je n'ai pas envie de caricaturer parce que je viens du conventionnel mais il faut que les efforts faits par certains soient justement récompensés. Comme les autres, nous ne pouvons pas nous nourrir uniquement de la satisfaction de faire de bons produits. Nous, nous préférerions que la HVE soit un tremplin pour passer en bio. On sait que la conversion à la bio peut faire peur. Là, ça permettrait d'étager les aides et de faire franchir des étapes à l'agriculteur.

Après la manifestation de la semaine dernière, chaque département a envoyé une délégation à la rencontre des préfets ou de leurs représentants. Le but est de bien faire remonter au plus haut niveau notre volonté de rediscuter cette proposition du PSN avec cet objectif : il faut absolument qu'il y ait une différence de traitement entre les différentes pratiques.

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