Si la France n'avait pas accueilli d'étrangers, on n'aurait certainement pas eu Frédéric Chopin, Yves Montand, Marie Curie, Pablo Picasso, Samuel Beckett, Romain Gary, Charles Aznavour... ou encore les époux Manouchian panthéonisés le 21 février dernier. Tous ces noms de "français de préférence" rendus célèbres à la postérité se sont distingués par leur attachement singulier à une certaine idée de la France et aux valeurs républicaines. Tout cela est émouvant. Or, les mémoires sont fragiles et parfois, on l'oublie.
S'accepter, accepter un cheminement
Au niveau local, le festival Unité dans la diversité le rappelle. L'événement se tient du 29 au 30 mars à l'Espace Simone-Veil à Limoges. Ce rendez-vous est né de la volonté d'un groupe de jeunes étudiants de mettre en lumière "la diversité " comme une force de la société. "C'est vrai qu'au début, on ne s'adressait qu'aux étudiants. Mais cette année, nous avons ouvert le festival au grand public", souligne Karelle Kalamon. Celle qui a fait de la douleur du racisme vécu dans sa chair une force martèle son ambition avec ses amis d'installer ce rendez-vous dans la durée. Sans victimisation, elle avance : " L'année dernière, on a touché plus de 2 000 personnes. Et si à la fin de cette édition, on contribue à ce qu'une seule personne change son regard sur l'autre, et l'accepte dans sa différence, nous aurons gagné." Le festival se déploie sur une journée et demie, avec une programmation riche en prestations artistiques, dégustation culinaire, et "haute en couleurs", s'amuse l'organisatrice. La 2e édition compte un concours photo, sourire face à la diversité. "Oui parce que le sourire est ce qui permet de faire fondre les murs de glace. On réceptionne des photos par e-mail jusqu'au 27 mars", explique-t-elle.
Invité d'honneur
L'écrivain Sami Tchak est l'invité d'honneur du festival. Il est né au Togo en 1960. Il s'est installé en France en 1986. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Hermina, Le paradis des Chiots, Al Capone le Malien... ."Pour nous c'est une chance qu'un écrivain de son envergure accepte de nous accompagner et de venir inaugurer le festival", se réjouit l'organisatrice. Elle poursuit : "Nous sommes chanceux que ces artistes bénévoles se reproduisent et participent à cet élan pour changer de regard sur ceux qui viennent d'ailleurs." C'est notre regard qui enferme souvent les autres [...], et c'est notre regard aussi qui peut les libérer, écrit l'académicien français Amin Maalouf, lui aussi venu d'ailleurs.