Ce jour-là, il fait froid à ne pas mettre un designer dehors. Ça tombe bien, ceux-là, designers en devenir, sont réfugiés dans leur salle de classe et, s'ils sont fébriles, c'est qu'ils attendent de savoir quel projet sera retenu pour devenir le stand du Conseil départemental de la Haute-Vienne au prochain Salon international de l'Agriculture, à Paris, fin février début mars. Ces étudiants sont formés aux métiers du design au lycée Raymond Loewy de La Souterraine, dans la Creuse toute proche. Et ils sont suspendus aux lèvres du président du Département, Jean-Claude Leblois, et de sa première vice-présidente, Annick Morizio.
« C'est un vrai crève-cœur de devoir choisir », lance aux 14 étudiants ayant proposé 7 projets Annick Morizio, également présidente de la SPL Terres de Limousin et partie prenante de ce stand. « Si nous avions les moyens, nous aurions construit les 7 projets pour les faire tourner », concède Jean-Claude Leblois. Angèle Marginier et Clara Delort se prennent la tête dans les mains quand elles comprennent qu'elles sont les lauréates, sous les applaudissements de leurs collègues. « Pour nous, c'est une vraie surprise ! » s'exclament-elles.
« Nous avons retenu ce projet parce qu'il conduit le visiteur de la matière première au façonnage, et même la commercialisation du produit, justifie Jean-Claude Leblois. Il illustre très bien ce que nous voulons proposer à Paris : faire la promotion de nos territoires, y compris sur le plan touristique, de nos savoir-faire et de nos filières. » « Nous voulions montrer le cycle de la matière », résument Angèle et Clara. « Nous sommes donc parties de la matière brute, commence l'une, pour la décliner jusqu'au point de vente, » termine la seconde. Toujours en parlant en duo, Angèle et Clara assurent que « nous avions beaucoup de choses à mettre en avant dans un espace contraint ». Porcelaine, cuir, émail... font partie de ces matières que les étudiantes ont donc choisi d'exposer sur le stand tandis qu'un espace est dédié aux savoir-faire et sur lequel des artisans pourront effectuer des démonstrations. Enfin, elles ont également délimité un espace de vente de produits. Les visiteurs auront donc tout loisir de toucheur les matières, de les voir façonner et de les acquérir si le cœur leur en dit.
Une réalité et des contraintes
Angèle Marginier est originaire de Châteauroux tandis que sa comparse Clara vient de Corrèze. Toutes les deux ont 19 ans et ne boudaient pas leur plaisir : « Pour nous, c'est incroyable d'avoir un projet qui va devenir une réalité, c'est vraiment chouette. » De plus, cette expérience les conforte dans leur choix d'aller vers la conception, conforme aux études qu'elles mènent à La Souterraine. Et si elles étaient surprises par leur réussite, c'est aussi parce qu'elles concèdent en toute modestie qu'elles auraient choisi un ou deux autres projets.
En fait, tous les projets présentés étaient cohérents, notamment par rapport au cahier des charges imposé par le Département. Au-delà du territoire et des savoir-faire, il y avait aussi des contraintes techniques : la surface de 30 m2, un espace ouvert sur quatre côtés, un lieu de stockage, un stand démontable et stockable et un budget serré. À ces impératifs se sont ajoutés un temps réduit et des préoccupations techniques. « Nous avons sollicité le lycée en juin », précise Jean-Claude Leblois, « et pour une telle réalisation, c'est bien court », confirme le proviseur Laurent Lafaye. De plus, le Département a décidé de confier la réalisation du stand à l'entreprise haut-viennoise Bomborena. Le dirigeant est venu faire part aux étudiants de ses propres contraintes techniques. Ces derniers, comme le leur imposera leur vie professionnelle, ont dû tenir compte de l'ensemble de ces éléments pour créer leur projet.
Les 14 étudiants en métiers du design se sont pliés à ces contraintes et les responsables ont pu mesurer le travail accompli. Preuve de leur enthousiasme, ces étudiants, qui viennent de Vendée, Haute-Vienne bien sûr, Loire-Atlantique, Gironde, Puy-de-Dôme, de Charente-Maritime, voire d'Ukraine, iront à Paris voir le stand Haute-Vienne réalisé. Annick Morizio, présidente de Terres de Limousin, peut se réjouir : « Ce stand aura une âme. »