« C'est quoi ta ceinture ? » « Là, elle est jaune, mais je vais essayer d'avoir la verte... » Question banale au cœur d'un dojo entre un amateur de judo et un jeune pratiquant ? Eh bien, non, pas du tout. Nous sommes dans une classe de collège et c'est la ministre de l'Éducation nationale en personne, Anne Genetet, qui pose la question à un jeune élève de cinquième. Pour être précis, il ne s'agit pas d'une classe mais d'un groupe d'une quinzaine d'élèves qui sont en math au collège Anatole France, au quartier Beaubreuil à Limoges. Et la question de la ministre est très sérieuse, tout comme la réponse de cet élève. Parce que dans ce collège de quartier, en zone prioritaire, c'est ainsi, avec ces ceintures colorés qu'on applique la mise en place des fameux groupes de niveau qui ont fait couler tant d'encre depuis le printemps dernier.
La ministre de l'Éducation nationale a donc passé deux jours en Limousin, le jeudi 17 octobre, en Corrèze et en Creuse, le vendredi 18 octobre en Haute-Vienne. Le vendredi, Anne Genetet a d'abord inauguré l'école maternelle Françoise Dolto, à Couzeix. Mais l'essentiel de sa visite était consacré à la mise en place des groupes de besoin par les équipes pédagogiques dans les collèges, le jeudi c'était donc à Brive et à Aubusson, et le vendredi matin à Limoges.
Des groupes hétérogènes
Au collège Anatole France, ce système de ceintures colorées est adapté d'un outil utilisé par les professeurs des écoles en primaire. Il y a donc quatre ceintures, blanche, jaune, verte et noire. Pour chaque chapitre, ça correspond à un niveau de compétences. Le ou la professeur ne passe au chapitre suivant qu'à partir du moment où tous les élèves ont atteint la ceinture jaune. En attendant, ceux qui ont déjà la jaune peuvent s'essayer aux exercices de la verte, voire de la noire pour les meilleurs d'entre eux. L'enseignant a tout loisir d'accompagner individuellement ceux qui ont plus de difficultés.
Ce système de ceintures fonctionne en math et en français pour les élèves de 6e et de 5e. Il a été mis en place il y a quatre ans. La grosse différence avec les groupes de besoin, ou de niveau, est justement que ces groupes sont hétérogènes. Un mélange des niveaux revendiqué par les professeurs durant la table ronde qui a suivi la visite de la ministre dans les classes. Pour ces enseignants du collège Anatole France, de français ou de math, ce qui fait la différence, c'est juste le nombre puisque ces groupes sont d'une quinzaine d'élèves et chaque enseignant peut consacrer plus de temps à chacun. Les groupes constitués en math ne sont pas forcément les mêmes en français.
En revanche, pour avoir des groupes à faible effectif, il faut des enseignants et le budget afférant. Or, les dernières annonces gouvernementales en la matière inquiètent plutôt les professeurs.