Le chien, blanc et noir, montre son enthousiasme au moment de franchir le portail. Puis, tranquillement, le border collie se couche près de la porte. Pour lui, le changement a été brutal : pendant des années, il a rempli à la perfection son rôle de chien de troupeau sur bovins, aujourd'hui, son terrain de jeu est un grand jardin où piaillent les moineaux. « Au début, ça a été difficile mais maintenant il va mieux », admet Dominique Legentil. Ancien agriculteur, il est depuis janvier 2022 salarié du Service de Remplacement de Haute-Vienne. « Je termine là où j'ai commencé, rigole-t-il, puisqu'en sortant de mon BEP, j'ai travaillé pendant un an et demi au SR. »
Dominique Legentil, qui vit aujourd'hui aux abords de Saint-Junien, est en fin de carrière professionnelle et il prendra sa retraite d'ici la fin de l'année. Une retraite bien méritée qui consacre près de quarante ans dédiés à l'agriculture, en particulier à l'élevage de bovins limousins. « Je me suis installé à 20 ans sur une petite ferme à Champsac », se souvient-il. Quinze ans plus tard, il a repris l'exploitation de ses parents, éleveurs laitiers. « Ça se passait bien. » Suffisamment pour partir régulièrement en vacances ou en voyage avec son épouse qui, elle, travaillait à l'extérieur de la ferme.
Remise en cause
Un dramatique accident, qui aurait pu lui coûter la vie, a tout remis en cause. Cet accident, fin 2019, l'immobilise pendant cinq mois. Durant cette convalescence, Dominique Gentil prend le temps de la réflexion. « Je crois que je vais tout planter », conclut-il. Jusqu'à cet accident, Dominique Legentil exploite seul sa ferme, une centaine d'hectares et 80 mères, en employant un ouvrier agricole à mi-temps. Aucune de ses deux filles n'a l'intention de reprendre l'exploitation. « Déjà, avant l'accident, ça commençait à être pesant », admet-il. Sa décision est prise. Le 1er avril 2021, la ferme est vendue. « Sans regret. » Changement de vie, changement de maison à laquelle il se consacre pendant quelques mois. Mais Dominique Legentil n'est pas le genre à rester à ne rien faire. D'autant que pour prétendre à sa retraite, il lui manquait dix-huit mois, malgré sa carrière longue. En janvier 2022, il intègre donc le Service de Remplacement de Haute-Vienne. « Pour moi, c'était très bien, ça me faisait une activité, un peu de revenus et en me limitant à un gros mi-temps », précise-t-il. C'est l'un des avantages du Service de Remplacement de pouvoir tout autant s'adapter aux besoins des agriculteurs que de ses employés.
Évidemment, au sein du SR, Dominique Legentil est plutôt spécialisé en bovin viande, « mais je vais sur les ovins ou les porcins sans problème ». Il admet qu'il a fallu qu'il apprenne à prendre du recul. « Quand j'arrive sur une ferme, en une dizaine de minutes, je peux me rendre compte de ce qui va ou pas mais mon rôle, c'est juste de faire ce qu'on me demande. » Malgré tout, il reconnaît volontiers sa satisfaction quand des éleveurs lui demandent quelques conseils en faisant référence à son expérience.