Politique

Prolonger encore l'aventure

Nouvelle Aquitaine / Haute-Vienne
Françoise Lulek, éleveuse à Nedde.
Le Pôle Viandes locales de Bourganeuf, outil de transformation, vient d'être repris par la société C'est qui le patron. L'éleveuse de Nedde Françoise Lulek reste impliquée dans ce projet.

L'aventure humaine continue. « J'avais tellement les boules d'imaginer que tout le travail qu'on avait fait pouvait s'arrêter là ! » Autant dire que Françoise Lulek est soulagée. Comme tous ceux qui se sont lancés dans ce que l'éleveuse de Nedde qualifie de « modèle révolutionnaire », à savoir la création d'un outil d'abattage, de découpe et de transformation sur le territoire limousin porté par des agriculteurs : le Pôle Viandes locales de Bourganeuf, en Creuse. Après l'annonce de la liquidation à la mi-janvier, cet outil innovant va finalement être repris suite à la décision du tribunal de commerce de Guéret, autorisant cette reprise par la société C'est qui le patron.

Françoise Lulek exploite en Gaec avec Jean-Michel Plazanet une SAU de 105 hectares pour un troupeau allaitant de 45 mères. L'essentiel de la production est exporté en maigre vers l'Italie. « Nous engraissons quelques vaches et produisons quelques veaux pour notre consommation personnelle », précise l'agricultrice, installée depuis le milieu des années 1980. « Nous étions déjà engagés dans un GIE d'éleveurs pour l'abattage et la commercialisation de certaines de nos bêtes avant que ne démarre le projet autour de la création d'un outil d'abattage et de transformation », se souvient-elle. Aussi, c'est tout naturellement que le Gaec du Val-de-Lauzat, à Nedde, rejoint l'association de préfiguration en 2014.

Eymoutiers ou Bourganeuf

À cette époque, cette association, qui regroupe des éleveurs de Corrèze, Creuse et Haute-Vienne, hésite sur le lieu d'implantation de ce nouvel outil qui doit permettre aux éleveurs de faire abattre en respectant la bientraitance qu'ils suivent déjà lors de l'élevage, de découper la viande et de la transformer pour qu'elle réponde aux besoins des consommateurs, notamment en matière de produit transformé comme le steak haché. Plusieurs abattoirs venaient de fermer ou étaient en passe de l'être. « L'abattoir d'Eymoutiers faisait partie des possibilités mais il était très proche de la ville et adapter un bâtiment ancien coûte finalement beaucoup plus cher que de construire du neuf », explique l'éleveuse de Nedde. Cet outil verra donc le jour dans la zone viabilisée de Bourganeuf, en Creuse, portée par la SAS Pôle Viandes locales dont 80 éleveurs limousins sont actionnaires. Malgré bien des vicissitudes, entre la désaffection d'une banque, le coup de Jarnac d'un fournisseur et les lenteurs administratives pour les demandes d'agrément, l'outil est, presque, prêt à entrer en service en début d'année 2020. Presque parce que la partie abattage est retardée au profit de la transformation. Début d'année 2020, ça rappelle quelque chose ? Eh oui, juste au moment où débute le premier confinement imposé par la Covid.

L'espoir renaît

Pourtant, ça marche. Les éleveurs sont là et les circuits courts qui sont redécouverts à cette occasion leur permettent d'écouler leurs produits. Mais pour développer une activité, quelle qu'elle soit, il faut du temps, et le temps c'est de l'argent. De la trésorerie, or le Pôle Viandes locales n'en a plus. Sauvegarde, redressement puis liquidation judiciaire pour cet outil qui est le fruit d'une « coconstruction unique », se désole alors Françoise Lulek. Lundi soir, Françoise Lulek a participé à une réunion entre les éleveurs, les responsables de la SAS liquidée et les nouveaux repreneurs, la société coopérative C'est qui le patron. Elle se veut pleine d'espoir : « Ça reste dans le cadre de l'innovation que nous avions mis en place et c'est bien de voir des consommateurs investir dans notre outil », se réjouit l'éleveuse. « Ils comptent sur nous, les éleveurs, pour travailler avec eux. »

Et Françoise Lulek se promet d'en être encore.

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