Trouver une équipe accueillante après avoir quitté leur pays dans des conditions plus que traumatisantes, un rythme, un projet professionnel, un accompagnement social et administratif, c'est tout ce dont avaient besoin ces huit personnes venues pour la plupart d'Afghanistan. La fondation Delta Plus*, qui agit pour les personnes en situation de handicap ou de fragilité sociale, a dans cette optique lancé un chantier de maraîchage au Moulin Maumaud à Saint-Léonard-de-Noblat. "L'agriculture est un excellent support de travail pour renouer avec l'activité", souligne Matthieu Ballereau, responsable de l'activité maraîchage à la fondation Delta Plus. "D'autant plus qu'il y a un côté satisfaisant puisqu'ils voient le fruit de leur travail", ajoute Rémy Thouloude, responsable du chantier. Le but étant qu'avant le terme de leur contrat à la fondation, 24 mois maximum, ils puissent intégrer une entreprise ou une collectivité.
Lancé en mars 2022, ce chantier de maraîchage est né de la ferme volonté de deux salariés de la fondation : Rémy Thouloude et Julie Gauthier. Sur cette exploitation de 10 ha, les deux collègues travaillent en binôme : "On a neuf jardins de 10 planches, que l'on fait tourner. On travaille sur un modèle biologique, mais nous n'avons pas le label. On fait beaucoup de travail manuel surtout car nous sommes suffisamment nombreux pour le faire", énumèrent à tour de rôle Julie et Rémy, manifestement très impliqués dans ce projet. Leur dernier gros chantier a été le nettoyage d'une ancienne châtaigneraie, présente sur la parcelle. L'équipe a également planté 1 500 châtaigniers et 45 noisetiers sur la partie haute de l'exploitation. En bas, résident tous les légumes de saison : "Tout ce qui veut bien pousser", résume Rémy Thouloude en plus des arbres fruitiers. Jusqu'à présent, l'ensemble de la production était réservé aux salariés de la fondation Delta Plus et aux personnes qu'elle accompagne. Toutefois courant avril, une boutique de vente directe sera ouverte au gîte de Maumaud, un bâtiment connexe au chantier de maraîchage. "Nous ne pratiquerons pas de prix trop hauts car nous n'avons pas de label bio mais pas non plus trop bas afin de ne pas faire de concurrence déloyale", souligne Matthieu Ballereau. "Les ressources financières dégagées sont réinvesties dans le projet", ajoute Yves Robert, directeur adjoint de Delta Plus.
En recherche de bénévoles
Par ailleurs, l'accueil de bénévoles sur cette activité de maraîchage est toujours bienvenu. Pas besoin d'avoir de compétences particulières, c'est surtout "l'envie, le goût de la rencontre et cette fibre humaine" qui est important, affirme Yves Robert. C'est aussi une bonne opportunité pour les accompagnés de pratiquer la langue française, même si grâce à la fondation ils suivent des cours de français langue étrangère. La barrière de la langue est en effet le principal frein à l'emploi. Le but de ce chantier n'est pas de faire des personnes accueillies des maraîchers, "le plus important est de reprendre un rythme et de se confronter à l'univers du travail en France", conclut Matthieu Ballereau.
* La fondation Delta Plus est basée à Panazol.