Dimanche 11 septembre, dès 8 heures, ils pourront s'élancer à travers la campagne, dans les bois et les forêts, excités et impatients. Même si certains ont déjà pu être appelés à intervenir, pour l'essentiel, ils fourbissent leurs armes, révisent leurs fusils ou leurs carabines, comptent balles et cartouches. Tous ? Non, certains chasseurs, puisqu'il s'agit d'eux, délaissent les armes à feu et leurs munitions, ils leur préfèrent un arc et des flèches. Comme Frédéric Bosselut, à La Roche-l'Abeille, qui sera fin prêt dimanche matin à l'ouverture de la chasse.
Frédéric Bosselut est membre de l'Aca87 (Association des chasseurs à l'arc de Haute-Vienne), reconnue par la Fédération des chasseurs de Haute-Vienne. Cette association est présidée par Éric Lacouturière et compte une soixantaine de membres. Ils peuvent participer à des chasses mixtes, associant ainsi arcs et armes à feu plus classiques, ou chasser seuls, en fonction de leurs préférences. Dans tous les cas, ces chasseurs, comme les autres, doivent être en possession d'un permis de chasser valide. En revanche, ils ont l'obligation de suivre une formation spécifique à la chasse à l'arc, conclue par une attestation à conserver sur soi.
S'il a obtenu son permis de chasser à 16 ans, « déjà enfant, je suivais mon père avec mon bâton », Frédéric Bosselut s'est converti à l'arc beaucoup plus tard, en 2006. « Au début, des papys nous traitaient d'Indiens », lance-t-il en rigolant. Une remarque qui peut en effet faire sourire puisqu'on a retrouvé des traces d'arcs ou de flèches de plus de 12 000 ans en Europe et que Diane, la déesse romaine de la chasse, arpentait les bois avec son arc. « Quand j'étais gamin, les arcs me fascinaient, se souvient Frédéric Bosselut, parce que j'aimais Robin des bois, Thierry la fronde... Et j'avais toujours un bout de bois et une ficelle pour me fabriquer mon arc. » Autant dire qu'utiliser un arc à la chasse, ça ne date pas d'hier et ça ne vient pas des Amériques.
« Aujourd'hui, je prends plus de plaisir à l'arc qu'au fusil : c'est plus difficile, il faut être plus près et on n'a droit qu'à un seul tir. »
Frédéric Bosselut reconnaît volontiers qu'après vingt ans de chasse au fusil, il lui a fallu changer sa manière de tirer et d'appréhender la chasse pour s'adapter à l'arc. « C'est le vice du chasseur à l'arc : toujours plus près, encore plus près », sourit l'archer de La Roche-l'Abeille. Pour être efficace, le tir doit être effectué à 20 mètres maxi de la cible, surtout si elle est en mouvement. Surtout, « il faut bien souffler, bien se poser, être beaucoup plus zen », conseille Frédéric Bosselut. D'ailleurs, cette manière de tirer, beaucoup plus calme, lui sert aussi quand à l'occasion il reprend un fusil.
Pour la chasse, il existe trois grandes familles d'arc. Le longbow, grand arc à courbure simple, est célèbre surtout pour son rôle durant la guerre de Cent Ans ; le recurve, recourbé, est à double courbure ; enfin, le compound ou arc à poulies permet d'armer et d'économiser la force de l'archer. Ce dernier est le plus utilisé pour la chasse aux gros gibiers. Frédéric Bosselut possède, lui, deux arcs : un recurve et un à poulies. « J'aime bien les deux mais je chasse plutôt avec celui à poulies. Le recurve s'utilise plus en tir instinctif », explique-t-il.
Bon sang ne saurait mentir. Les yeux de Frédéric Bosselut pétillent quand il évoque son plus jeune fils, lui aussi adepte de la chasse à l'arc : « Quand, moi, il m'a fallu presque dix ans, lui a abattu son premier sanglier à sa première saison. »