Depuis cet hiver, l'épidémie d'influenza aviaire, ou grippe aviaire, impacte les élevages en zone de protection et zone réglementée mais pas seulement. Les producteurs de toute la France se retrouvent eux aussi confrontés à des difficultés.
Didier Cotte est installé à Blond où il produit des poulets de chair, des pintades et des canards gras qu'il transforme sur place.
Déjà en 2016, il a subi les effets de l'épizootie. "Depuis cet épisode de grippe aviaire, nous avons dû réaliser des investissements importants liés à la mise en place de la biosécurité. Ils s'élevaient à près de 500 000 euros pour mon élevage", indique-t-il. Aujourd'hui, "nous sommes confrontés à la réglementation, mais le pire est à venir", estime Didier Cotte.
Et pour cause. "L'approvisionnement en canetons pour les ateliers de palmipèdes pose déjà problème. Les parquets de reproducteurs (ou couvoirs) ont été touchés et une grosse partie des canetons a été abattue. Il faut donc tout reconstruire", remarque-t-il.
"La semaine dernière, j'ai reçu le dernier lot de canetons. La date de la prochaine livraison est pour le moment inconnue. Mon fournisseur habituel situé en Vendée a été touché et il est à l'arrêt. Il m'a réorienté vers un de ses collègues qui a du mal à répondre à la demande", ajoute Didier Cotte. Quoi qu'il en soit "dans mon élevage, nous allons donc pouvoir travailler jusqu'en septembre, sauf contamination des bandes d'élevage qui n'est pas à exclure, même si tout est mis en place pour l'éviter", note-t-il.
Du côté des gallus (poulets)
Pour les volailles de chair, il existe là aussi un risque de pénurie mais à différents niveaux. Certains élevages producteurs de poulets et pintades sont dans les zones concernées par la grippe aviaire. Les mises en place de poussins ont donc été annulées en raison du périmètre de protection des zones infectées. La production de volailles va donc baisser. D'autre part, "le couvoir où je m'approvisionne en poussins est dans la Manche. L'éleveur est aujourd'hui face à un important manque à gagner en raison de la baisse de la demande liée au respect de la réglementation", remarque avec inquiétude Didier Cotte même si pour le moment son approvisionnement en poussins se poursuit.
Attention !
"Il y a eu un avant et un après 2016 ; il y aura un avant et un après 2022, lié à la baisse importante de production en France", note Didier Cotte.
Car pour redémarrer un atelier de production, il faut du temps. "En canards, les œufs incubés aujourd'hui écloront 28 jours plus tard. Une cane met 5 mois pour pondre de manière significative. Ensuite un caneton doit être âgé de 13 semaines avant sa mise en gavage qui dure de 10 à 15 jours. Au final, il faut bien un an pour refaire une souche, une production", explique-t-il. "C'est plus simple à détruire qu'à remettre en place", regrette-t-il.
Face à cette situation sans égale, Didier Cotte le demande : "Il existe un vaccin. Pour le moment nous attendons le feu vert du ministère de l'Agriculture avec impatience. Il y va de l'avenir des filières de volailles de chair et de canards gras", conclut-il.