L'année 2024 n'est pas une année comme les autres. Récolte des maïs retardée pour cause de semis tardif, coup de vent et fortes précipitations qui impactent les cultures en place et le travail du sol... La liste des facteurs qui perturbent le calendrier de travail des agriculteurs est longue. Et la campagne 2024-2025 pour les céréales n'a pas démarré partout sous de bons auspices...
Histoires de cultures
Ainsi, Guy Bignaud agriculteur à Bostrichard, sur la commune de Meilhac, est particulièrement touché par cette météo hors du commun. "Je travaille depuis très longtemps en semis simplifié (NDLR : semis direct et techniques culturales simplifié - TCS). Mais cette année, sur mon exploitation où les sols sont argileux, c'est très difficile", explique-t-il en préambule.
Petit retour arrière...
Guy Bignaud est installé depuis 1988 sur une exploitation qui compte aujourd'hui 86 ha de SAU dont 43 ha sont en cultures (dont 1,5 ha en jachères). Le reste est en herbe et permet la conduite d'une trentaine de vaches limousines en système naisseur. La valorisation de la SAU compte par conséquent essentiellement sur les cultures de vente. Or cette année, la situation est difficile. À l'automne 2023, Guy Bignaud n'a pas pu semer de triticale. Les 7,40 ha qui lui étaient réservés ont été emblavés avec un maïs semé mi-juin. "J'avais arrêté le maïs en 1993", révèle Guy Bignaud. "J'ai opté pour un maïs grain. Je devais le faire en avril mais je n'ai pas pu le semer avant la mi-juin. Finalement, je l'ai récolté récemment en ensilage : le premier coup de vent n'a pas fait de dégât, le deuxième un peu mais pas trop, peut-être parce que ma parcelle est dans un creux. Ce maïs grain n'aurait pas pu arriver à maturité dans de bonnes conditions. Aussi je l'ai ensilé et je l'ai vendu", explique-t-il.
Deuxième culture : le tournesol. "Je l'ai semé sur 15 ha environ le 25 avril. Là, je n'ai jamais eu de rendement aussi mauvais : j'ai récolté 10 quintaux/ha contre 27-28 en moyenne", se désole-t-il. Les explications suivent : le semis de ce tournesol a été réalisé le 25 avril sur un sol humide, en conditions souvent limites car le sol de la parcelle est très argileux. Ensuite, pendant 2 mois et demi, il y a eu une forte humidité, le tournesol a toujours eu les pieds dans l'eau avec, en prime, des températures fraîches. Les limaces ont été nombreuses et elles ont engendré beaucoup de dégâts sur le tournesol. La floraison est ensuite intervenue tard, vers la mi-juillet, quand il y a eu "un coup de sec" qui a impacté la fécondation. Et puis enfin, le coup de grâce : vers la fin septembre, la pluie a abîmé les plantes et les têtes sur un tournesol mûr. Tous ces éléments mis bout à bout donnent un rendement nettement inférieur au rendement habituel.
Quant au blé, qui occupait quand même près de 20 ha de la SAU, le rendement n'a pas été très bon puisqu'il est de 51 quintaux/ha contre 70 en année normale.
Les TCS difficiles sur sol humide
Si la culture de tournesol et celle de maïs intéressent aujourd'hui particulièrement, c'est que derrière leur récolte doit suivre un semis de céréale. Or, si "normalement, les semis sont finis début novembre, là, ils viennent juste de commencer", souligne Guy Bignaud.
"En semis direct, il est conseillé de commencer le travail tôt. Or, là, ça ne passait pas. Vraiment, pour la campagne 2025, je m'inquiète ; c'est mal engagé. Pour le moment, le temps est au beau mais, sur sol argileux, s'il est sec en surface, il est encore très humide à l'intérieur. J'ai essayé de passer le décompacteur mais c'est très difficile", poursuit-il.
Aussi, "je vais faire le dos rond. Je m'interroge : est-ce que je m'entête à faire quelque chose au risque de travailler à perte ou bien est-ce que j'attends un peu ?", ajoute-t-il encore.
L'implantation en semis direct semble bel et bien compromise pour cet automne. "J'ai demandé à un voisin de venir me labourer ma parcelle (NDLR : chose qui n'a pas été faite depuis de nombreuses années !). On verra bien. J'achèterai les semences de blé au fur et à mesure. On verra. Si cette solution ne fonctionne pas, j'attendrai le printemps. Vu les cours du blé au niveau mondial, je dois bien réfléchir avant d'engager des frais trop importants", conclut-il.