Dordogne : la crise s'étend à Bergerac
Les vins de Bergerac et Duras ont été un temps relativement épargnés par la crise qui sévissait dans le Bordelais. Depuis longtemps, les vignerons se sont habitués à évoluer dans l'ombre de ce prestigieux voisin et à vivre plus modestement. Certes, des problèmes de commercialisation et de valorisation des vins se posent, surtout pour les rouges. A Bergerac, on produit une bonne proportion de vins blancs, environ 50 % du vignoble, avec une appellation forte : le monbazillac.
Le changement climatique fait des siennes. Les aléas et les maladies entament les récoltes depuis plusieurs années. " En 2024, on pense avoir environ 20 % de production en moins qu'en 2023 qui était déjà une année très basse. Nous n'avons pas connu une belle année depuis 2018 ", estime Laurence Rival, présidente de la Fédération des vins de Bergerac et Duras.
Dans ce contexte, les viticulteurs souffrent. La prime à l'arrachage proposée par l'État devrait constituer une porte de sortie pour certains d'entre eux. Le vignoble de Bergerac et Duras s'étend sur environ 10 000 ha, avec près de 700 vignerons.
Charentes : cognac, pineau et vins bio
Le cognac est bien chahuté en ce moment, on peut même parler de crise. Les taxes chinoises et l'arrivée de Donald Trump à la tête de la première puissance mondiale laissent les professionnels et l'interprofession dans l'incertitude. Surtout quand on sait que le cognac s'exporte à 97 %. La filière, c'est 86 000 ha, 4 400 viticulteurs et bouilleurs de cru, 14 500 emplois directs. Plus de 72 000 personnes vivent de ce spiritueux : autant dire que c'est une économie qui pèse sur les deux départements.
Le pineau, de son côté, retrouve quelques couleurs avec un volume de 67 451 hl produit en 2023, soit plus de 11 000 hl par rapport à 2022, pour 911 ha cette année, un chiffre stable. Une ombre au tableau : la baisse de la consommation.
En Nouvelle-Aquitaine, la viticulture bio se stabilise avec près de 34 700 ha, selon Bio Nouvelle-Aquitaine, soit 14,6 % des vignes. Il est noté une baisse des nouveaux engagements en 2023. Si les ventes de vins bio diminuent dans la grande distribution, elles connaissent une croissance en vente directe, à l'export et chez les cavistes.
Gironde : la récolte en baisse de 19 %
Le vignoble bordelais, premier de France pour les productions en appellations d'origine contrôlée, n'est pas épargné par les crises. Sa surface a baissé en 2023, passant de 107 000 à 103 000 ha. En 2024, le nombre d'hectares consacrés à la viticulture va encore chuter avec 8 000 ha arrachés dans le cadre du plan d'arrachage sanitaire co-financé par la filière et l'État. Avec 3 459 milliers d'hl, les services statistiques de l'État prévoient une récolte inférieure de 11 % par rapport à 2023 (3 888 milliers d'hl) pour les vins de Bordeaux.
Mais les prévisions descendent à - 19 % par rapport à la période 2019/2023 (4 291 milliers d'hl) pour les AOP hors vins pour eaux-de-vie. La récolte tous vins est estimée, elle, à 3 892 milliers d'hl, soit 10 % de moins qu'en 2023 (4 321 milliers d'hl) et - 16 % par rapport à la moyenne 2019/2023 (4 640 milliers d'hl).
Bien sûr, le plan d'arrachage sanitaire de la filière a joué dans cette baisse de la production, comme les vignes en friches (estimées à 2 000 ha environ). Mais les conditions météorologiques (grêle, précipitations abondantes...) ont entraîné des problèmes sanitaires (millerandage et mildiou) et occasionné des pertes de récolte.