"Ce matin-là, j'ai pris une claque. Les yeux rivetés sur les jumelles, j'ai réalisé que l'humain est une drôle de créature, aveugle à des beautés étourdissantes tant qu'il ne s'y intéresse pas. J'ai songé qu'une rencontre fortuite pouvait vous réveiller un esprit. J'ai compris qu'un tout petit rien pouvait bouleverser une vision du monde." Ces quelques lignes sont de Sylvain Dutrieux, chercheur en électronique et passionné de photographie animalière depuis près de trois ans. Tout a commencé pour lui quand il a accompagné sa mère un soir sur une crête afin d'y observer le grand-duc d'Europe. D'abord peu convaincu, il l'a suivie, content d'assister au moins à un beau coucher de soleil. Sa rencontre avec le grand-duc a fait le reste... Depuis, dès qu'il a un moment, il s'en va vers le pic Saint-Loup, en filant vers les Cévennes pour observer la nature, celle qu'on ne voit pas.
Son expérience pas à pas
Depuis deux ans maintenant, il cherche à partager ce qu'il a découvert, et ce qu'il continue de découvrir, en animant une page Facebook intitulée La gazette de la faune sauvage. Il s'est ensuite lancé dans un autre projet, de plus grande ampleur celui-là : écrire un livre où les oiseaux, les rongeurs et autres acteurs de la vie sauvage tiendraient le premier rôle. Ce livre est sorti récemment chez Les Mots qui portent. Son titre : Des vies si proches.
Tout au long des 254 pages richement illustrées que compte cet ouvrage, on vit avec Sylvain Dutrieux son arrivée, son attente, ses planques. On avance pas à pas dans la nature. On se tait, tend l'oreille... On est pris au jeu. À parier que lors d'une prochaine balade, nos sens seront alors aiguisés... De cette expérience hors du commun, Sylvain Dutrieux en est ressorti grandi. Il le dit en conclusion de son ouvrage : "Il y a trois ans, mon univers a brusquement pris une ampleur considérable. J'ai découvert l'insignifiance de ma vie et j'ai trouvé ça exaltant. Je me suis mis à marcher. [...] Marcher encore, à la rencontre des bêtes. Seul. Béat. Enivré. Ivre de tout ce que la nature m'offrait sans que je lui donne rien en retour." Son action, rendue publique via les réseaux sociaux, a trouvé un autre écho, cette fois auprès de l'association Goupil Connexion à l'origine depuis 2008 de l'Hôpital de la faune sauvage, installé dans les Cévennes, à la frontière du Gard et de l'Hérault. Sa présidente Marie-Pierre Puech, qui a à cœur de sensibiliser les citoyens à leur impact sur la faune sauvage, préface cet ouvrage. Car son initiative et celle de Sylvain Dutrieux font corps et militent pour les mêmes valeurs : préserver ce qui nous entoure.