Culture

Une Maison en harmonie avec son temps

Nouvelle Aquitaine / Haute-Vienne
Alain Mercier, le directeur artistique et général de l'Opéra de Limoges.
Connecter l'opéra aux territoires et sortir d'une image d'art élitiste est le parti pris de l'Opéra de Limoges. Alain Mercier, le directeur artistique et général, se confie.

Depuis quelques années, l'Opéra de Limoges multiplie les efforts pour dépoussiérer l'image de l'art lyrique et rompre avec cette idée que l'opéra est un art isolé dans une tour d'ivoire, loin des préoccupations triviales. Alain Mercier, le directeur artistique et général de l'Opéra de Limoges, revient sur les actions entreprises pour conquérir un nouveau public.

Une maison ancrée dans son territoire

"Aujourd'hui, nous nous adressons à la population qui est un ensemble plus large et qui contient le spectateur, le public, les citoyens et tous ceux qui ne mettent jamais les pieds ici", explique Alain Mercier. Ainsi, "on s'est servi de l'outil en organisant des journées portes ouvertes, des visites de l'opéra et des ateliers". Pour attirer un public hétérogène, il faut aller le rencontrer en dehors de l'opéra, reconnaît Alain Mercier. "C'est pour ça que nous mettons en place des actions de médiation dans les écoles." Et si la volonté de renouveler son public et donner l'envie d'une première fois ne date pas d'aujourd'hui, les méthodes, quant à elles, ont évolué. "Notre ambition était la démocratisation qui consiste à partir d'un répertoire, d'un patrimoine et de les transmettre à des personnes par des actions de médiation. Et puis, progressivement, on s'est dit qu'il n'y a pas que notre culture qui est importante et que nous devons être dans une forme d'écoute de toutes formes de savoirs, de diversité d'approches musicales. Donc, nous avons intégré au sein de la structure des projets participatifs vocaux des personnes différentes. On a commencé par des enfants de quartiers périphériques et du centre-ville, et ça a donné L'opéra Kids en 2017", poursuit le directeur. Avec le concours des centres sociaux (relais), les enfants ont été recrutés et parrainés par les équipes de l'Opéra de Limoges. Les artistes ont été associés au programme, "on leur a demandé d'écrire des œuvres à partir de ce que les enfants racontent et de faire en sorte que les créations résonnent avec leurs vies". Un exercice qui a bousculé les professionnels dans leur processus de programmations habituelles. " Assez vite, on s'est rendu compte que l'on s'apporte mutuellement et qu'au-delà de notre mission, on peut avoir une fonction impactante sur notre territoire." Petit à petit, le programme s'est imposé comme un "outil de retissage de liens". "Début 2019, nous avons été sollicités par la préfecture pour adapter le projet à des adultes fragiles pour remobiliser la confiance, la dignité au travers de la pratique vocale afin de les remettre sur la trajectoire de l'emploi", complète Alain Mercier. Ce fut, la naissance d'Un chant, une chance.

Vers un hyperlieu

À la sortie de la crise sanitaire du Covid, éprouvante pour l'institution car jugée parmi les services non essentiels, la direction a fait le choix de lancer une réflexion interne sur des sujets forts comme le numérique, l'égalité homme-femme, l'écologie... "Après, nous avons décidé d'aller frotter la démarche à la population. Et c'est dans ce cadre que la Coopérative citoyenne de l'opéra a vu le jour en septembre dernier." Aux 10 000 courriers envoyés avec cette mention : "L'opéra souhaite associer les citoyens à l'ensemble des réflexions qui traversent la société", plus de 600 personnes ont répondu favorablement, dont 75 % qui n'étaient jamais venus à l'opéra. Aller en dehors des murs, penser "contre soi", faire de l'opéra un "hyperlieu" est l'enjeu actuel des Maisons de l'opéra. Quant à l'Opéra de Limoges, l'appellation "théâtre lyrique" accordée par le ministère de la culture reconnaît son engagement et sa considération pour les citoyens de son territoire.

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