Elle se croyait le pilier de la famille," la gardienne du foyer", elle n'a jamais travaillé, ou elle a arrêté avec l'arrivée des petits... Puis, là, elle a plus de 40 ans et elle se découvre seule, sans ressources... Des histoires comme ça, les conseillers en insertion économique du réseau Alliage en entendent souvent. Leur mission est justement d'aider des personnes éloignées de l'emploi ou qui n'ont jamais travaillé à mettre le pied à l'étrier. "Ils arrivent avec la totalité des problèmes, de logement, de santé, de confiance en soi, etc.", explique Valérie Faret, la chargée de communication et de développement du réseau Alliage. Autant dire que les conseillers adoptent une approche holistique pour accompagner les bénéficiaires, explique Geoffrey Archaimbault, qui se démène pour ses salariés : "Certes, on ne fait pas du social, mais parfois, on intervient pour faciliter les choses, et pour que leur insertion fonctionne."
Le parcours de Homid
Parfois, la magie opère. Lors d'un job dating, Homid, réfugié afghan, rencontre Geoffrey et ce dernier lui propose l'accompagnement. Quelques jours plus tard, le jeune homme se retrouve employé sur un chantier des chemins Jaquaires. " Je suis arrivé en France en 2018, avant d'avoir ma demande d'asile acceptée, je ne pouvais pas travailler", explique le jeune homme. Aujourd'hui, il fait partie des forces vives du territoire et il participe à un chantier de grande taille. " Lui et tous ceux qui s'engagent peuvent avoir de la fierté à faire ce qu'ils font", affirme le conseiller en félicitant son salarié. Avant d'ajouter : "Dans 20 ans, quand Homid repassera à Limoges devant les bureaux, il dira que c'est moi". Et ce n'est pas le sourire complice du jeune homme qui exprimera le contraire. "Je suis peintre et ça se passe bien avec ma chef Stéphanie, elle est satisfaite de mon travail. "
La langue comme arme sociale
Quand les conseillers dressent la liste des contraintes à l'emploi, le facteur de la langue surgit en haut de la pile. Ainsi, la structure organise des cours de français à des niveaux différents. Deux enseignantes sont dédiées à ces ateliers. "Le but est l'autonomie", explique Nadia, enseignante de français auprès de l'association. "On fait régulièrement des tests de niveau, un parcours est d'environ 6 mois et ceux qui avancent plus vite passent au groupe supérieur", complète-t-elle.
Aucune résignation
"On est là pour faire coussin et pour leur donner le temps d'avancer", affirme Geoffrey Archaimbault. Les résultats sont au rendez-vous puisque 8 personnes sur 10 s'intègrent durablement dans l'activité économique (CDI, CDD, ou formation professionnalisante). Bien qu'il œuvre avec énergie auprès des bénéficiaires, il admet qu'accompagner des gens marqués par la vie n'est pas toujours facile. "On prend des claques de réalité et là on se rend compte que ça va loin", reconnaît le conseiller. Et même si, certaines situations obéissent à des ressorts complexes, les conseillers du réseau Alliage ne se résignent pas. Ils ont pour mot d'ordre : l'espoir.