L'histoire de la laine commence chez l'éleveur. Or, la laine est trop souvent considérée comme un fardeau et un sous-produit agricole en raison de son faible coût de vente. Après la fusion des Régions, ce fut le tour du secteur de la laine en Nouvelle-Aquitaine qui réunit les trois bassins de l'élevage en Nouvelle-Aquitaine. Ce mercredi 3 avril à l'hôtel de Région à Limoges a eu lieu le lancement du RésoLaine, porté par l'association Lainamac et la Chambre de commerce et de l'industrie de Bayonne avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine. La journée a été rythmée par des témoignages et des tables rondes avec l'ensemble des acteurs de l'amont et l'aval de la filière laine.
Vers une structuration
Dans la région, la filière compte un troupeau de 1 150 000 brebis (allaitantes et laitières), 2 300 tonnes de laine récoltées chaque année et 120 entreprises expertes dans la diversité des métiers de laine (tonte, tri, lavage, matelasserie, rembourrage, filature, tenture, etc.) représentant 70 emplois. "Le RésoLaine est né de l'envie de relever le défi d'une filière textile néoaquitaine reconnectée à ses ressources locales", s'accordent les intervenants. "La filière laine est une filière longue qui entraîne énormément d'acteurs différents à chaque étape qu'il faudrait rémunérer correctement", précise Géraldine Cauchy, directrice de Lainamac. Un défi de taille pour une filière qui à tout à reprendre. Cela a été souligné lors de la table ronde qui a réuni les chefs d'entreprise. "Il est certain qu'il y a un vrai questionnement chez les dirigeants sur l'approvisionnement en matière première", explique Sarah Cainaud, cogérante de Laine & Compagnie (87). "Si demain, je peux avoir des acteurs de A à Z pour mon processus de fabrication, je pourrai encore valoriser le made in France", souligne Lionel Renault, directeur industriel de l'entreprise Fargeot (24).
Un équilibre
"On est plutôt en accord avec les entreprises qui se sont exprimées sur le besoin de communiquer à plusieurs pour convaincre le consommateur afin de relancer la filière laine. La création du RésoLaine leur facilitera les prises de contacts afin de trouver des économies d'échelles. Par exemple, l'achat de matière groupée en vue d'une attractivité collective", poursuit Géraldine Cauchy. Néanmoins, les dirigeants n'ont pas manqué de rappeler les problématiques liées à la qualité et au coût de la laine : "Quand j'achète de la laine qui vient de l'Argentine, elle me revient moins cher", remarque Benoît de Larouzière, dirigeant de la filature Fonty (23). Pour ajouter : "Il y a une clientèle pour un fil tracé éthique français, il y a une clientèle pour un fil argentin, le tout est de ne pas créer de polémique."
La gouvernance
RésoLaine rassemble des acteurs de l'élevage, de l'information, des institutions. Il se compose d'une assemblée générale qui se déploie à travers sept collèges (éleveurs, des transformateurs, des partenaires, porteurs de projets, politiques publiques) pour former un conseil d'administration et un bureau, les deux confortés par deux comités : technique et prospectif. Du surcroît, le cluster se donne pour mission d'ouvrir "des débouchés massifs" au secteur de la laine et de faire en sorte de "bien rémunérer tous les acteurs de la chaîne et notamment les éleveurs", afin que la laine ne soit plus considérée comme le mouton noir de l'éleveur.