La patronne d'un restaurant puise dans tous ses arguments pour garder son serveur, "un mou", comme elle l'appelle, en vain. Elle est dans l'embarras, d'autant plus qu'elle doit gérer une table d'une quinzaine de personnes. Une jeune femme sans expérience débarque pour un entretien d'embauche. Et puis les spectateurs sont plongés dans une scène d'entretien inédite où les clichés s'enchaînent... "Un employé nomme Désir" est le titre de la pièce de théâtre interprétée par la compagnie Reflet théâtre. La pièce a ouvert la soirée de la présentation du dispositif "Les entreprises s'engagent" à la préfecture de Limoges, ce mardi 9 avril, en présence du préfet François Pesneau et d'une centaine de dirigeants. Au fur et à mesure, les jeux de rôles changent, et cette fois-ci, gargarisé de préjugés, un manager quinquagénaire cherche un assistant, aucun ne lui convient (une femme avec enfants, une jeune femme sans expérience, un trentenaire handicapé...). Le manager est à la recherche de l'employé parfait, or, il se heurte aux attentes de la candidate qui projette, elle aussi, ses aspirations et attentes sur l'entreprise. "Les cartes sont rebattues et les rôles se sont inversés", reconnaît un des dirigeants présents.
La marque employeur, une remise en question
"La lucidité est la blessure la plus proche du soleil", écrivait Gide. Lucides, les chefs d'entreprise l'ont été pendant cette soirée où l'accent a été mis sur les enjeux des entreprises dans le recrutement et la fidélisation des collaborateurs. Mêlant rires et réflexions, la comédie interactive a permis à chacun de se reconnaître à un moment donné de sa vie : demandeur d'emploi, RH, manager, patron...
" Si quelqu'un vous plaît, il faut le prendre tout de suite", peut-on entendre lors de l'interaction avec le public. "Les jeunes n'ont pas les mêmes aspirations que vous aviez à notre âge. La qualité de vie, la détente sont notre priorité." L'entreprise a un rôle social citoyen, acquiescent les participants. Ainsi, la notion de sens dans le travail qui n'était jusque-là qu'une préoccupation d'ordre personnel est désormais au cœur de la réflexion des sociétés. "Le monde de l'entreprise et l'État, deux mondes que l'on veut opposer à l'échelle des territoires. Or, il est nécessaire qu'ils fassent alliance", soutient Sylvain Reymond, le directeur général du dispositif national "Les entreprises s'engagent".
Le pari de la performance
Laurence Beaubelique, directrice de la CPAM 87 et leader du Club départemental 87, a tenu à rappeler la place des entreprises pour relever les défis de la société. "Le but est d'avoir un club par département. Les problématiques que l'on rencontre sont assez similaires comme l'insertion des jeunes de quartiers et des personnes en situation de handicap. On en trouve dans tous les départements. Nous espérons arriver à 150 membres. Et plus il y aura de clubs, plus on sera efficaces", poursuit la leader. Pour ce faire, le club a pour mission d'accueillir et accompagner les entreprises engagées du territoire, déployer les programmes d'action à travers des événements et des rencontres et enfin fédérer autour de nouveaux espaces de coopération et de valorisation d'engagement. "Je suis sûre que nous nous sommes tous reconnus dans certains points des jeux de rôles", assure la directrice. Le club poursuit sa feuille de route et organise des rencontres les prochains jours. D'ailleurs, le 10 juin, une rencontre "Patrons dans ma ville" sera organisée en partenariat avec la CCI entre dirigeants d'entreprise et jeunes de quartiers prioritaires de la politique de la Ville.
Et si l'art face à la réalité ne fait toujours pas le poids, le jeu d'acteurs a permis le temps d'une soirée d'être une tribune qui illustre les problèmes que traverse le monde de l'entreprise et est un reflet éloquent des comportements au quotidien en vue d'une prise de conscience efficace.