Permises en 1659, les Ostensions d'Israël et Théobald, saints patrons du Dorat, continuent de rassembler les foules. Preuve en est, les 5 000 visiteurs attendus. Dans " les coins " nord limousins, en ville ou aux villages, l'on trépigne d'assister aux processions. Aussi de retrouver cette atmosphère bon enfant toute spéciale et de la transmettre : " C'est comme une parenthèse. On voit les gens sous une autre facette. C'est la convivialité qui prime. On sait à quoi s'attendre et on s'en réjouit ", introduit un Jean-François Dubaud, membre de la délégation bazeugeoise. Tous les sept ans, en coulisses, s'activent municipalité, Église et organisations citoyennes amicalement drivées par une Confrérie de saint Israël et de saint Théobald garante de la minutieuse observation du rituel. " C'est un peu le "miracle" des Ostensions, fédérer toute une population. On a commencé en novembre. Depuis janvier, c'est H24 ", dixit le syndic Emmanuel Ducoux.
Séparation du cultuel et du culturel
Lundi matin, dix délégations des communes avoisinantes identifiables à leurs bannières et leurs attirails convergeront vers les reconstitutions de cinq portes de la ville, biens municipaux. Reçues par des Voltigeurs 1er Empire, escortées par une compagnie mixte de cavalier(ère)s-mousquetaires, elles emprunteront un itinéraire minuté, pavoisé en rouge (incarnation d'Israël) et vert (Théobald) - sapins naturels ultrarésistants, brassées de fleurs en crépon waterproof, fanions, oriflammes et autres armes -, poste déco protocolaire pourvu de concert par la mairie, qui offre matière d'œuvre et nacelles, et les comités de quartier. Après les sommations d'usage, ils entreront armes au pied dans une collégiale Saint-Pierre, bâtiment communal, normée ERP à J-32. Pour y découvrir, gardées par d'insondables sapeurs, reconnaissables à leur bonnet d'ourson, les deux châsses de bois doré où repose la quintessence du mystère depuis 364 ans : les chefs et ossements sacrés, trésors du patrimoine de la Confrérie.
Côté paroisse, l'on s'est consacré au cultuel, à l'installation de la sonorisation et d'un écran géant extérieur, budget conséquent de 13 000 €. L'on a convié, fort d'un réseau ecclésial et d'amitiés, plusieurs prélats dont son Éminence le cardinal Sarah, proche du pape François, qui présidera la clôture. Quant à la liturgie, elle ne bougera d'un iota : " Je suis le rituel à lettre, inscrit en moi ", témoigne un père André Vénitus expérimenté, quoiqu'impressionné de diriger les messes pour la première fois. " Ma vocation se caractérise par le soin du beau ; plusieurs objets liturgiques ont été restaurés, dont l'encensoir du XVIIIe siècle. " Outre les figurants volontaires de la délégation dorachonne, n'oublions pas l'Harmonie des enfants du Dorat, indéfectible accompagnateur musical, et puis ces jeunes et ces vieux, cathos ou pas, pratiquants ou non qui ont mis la main à la pâte. De près ou de loin, mais tous avec sacerdoce, entre dons à l'Église, prêts de terrains, organisation d'expo ou réimpression d'affiches anciennes. Quant aux agapes et retombées économiques, " on les laisse à nos commerçants ", termine Christian Jacquier, 3e adjoint. Les 52e Ostensions se distingueront par le déploiement d'un plan Vigilance attentat incluant préfecture, pompiers, Croix Blanche et gendarmerie : dispositif anti voiture-bélier, patrouilles mobiles et quarante commissaires civils (plus un à deux par délégation) autorisés à fouiller et reconnaissables à leur brassard rouge et vert. " Lundi, on attend mille personnes dans la collégiale, beaucoup plus hors-les-murs ", détaille François Brégeaud, responsable sécurité, " particulièrement aux abords de la collégiale et de la place Charles-de-Gaulle ", où trône l'arc de triomphe, traditionnel objectif processionnel à atteindre. " On a installé le poste central à l'espace Artémis et deux lits ont été réservés à l'hôpital du Dorat. " On pense aussi à la Covid-19 et à ses conséquences sur la vénération des coupes reliquaires contenant les chefs, qu'on évitera de toucher, épidémie ayant d'ailleurs conduit à l'intercession des saints en 2020.
À J-4, il n'y a plus qu'à. En attendant, reste l'ultime cérémonie préliminaire de dimanche, à partir de 10 h (présentation de la garde d'honneur du Dorat ; grand-messe et sortie des châsses).
